Dans un long message sur sa plateforme internet Telegram, le milliardaire s'exprime pour la première fois sur son arrestation à Paris, sa garde à vue de quatre jours et son inculpation par des juges français.
Inculpé pour “refus de communiquer les informations nécessaires aux interceptions autorisées par la loi”, complicité de délits et de crimes qui s’organisent sur la plateforme (trafic de stupéfiants, pédocriminalité, escroquerie et blanchiment en bande organisée), il a été soumis à un contrôle judiciaire strict et ne peut quitter le territoire français.
Dans ce message qu’il publie aujourd’hui sur Telegram, sorte de mise mise au point, le Franco-russe s’étonne que son arrestation soit intervenue parce que que les autorités françaises n’ont pas reçu de réponses à leurs questions. Or, indique-t-il, Telegram a un représentant dans l’Union européenne qui gère les relations avec les différentes autorités nationales et il est prêt à répondre à toutes les sollicitations.
Telegram, c’est un milliard d’utilisateurs
Il ajoute un brin provocateur que si les autorités françaises voulaient le joindre personnellement, elles en avaient les moyens car en tant que Franco-russe, il est régulièrement l’hôte du consulat français à Dubaï. . Le chef d’entreprise rappelle également sa coopération avec la France lors de menaces terroristes.
La longue déclaration continue sur le même ton, le créateur de Telegram se défend et reprend point par point ce qu’on lui reproche. Sa conclusion est sans équivoque, “arrêter un patron de plateforme internet n’est pas la bonne approche”.
Il poursuit avec un argument qui laisse présager ce que sera sa défense, aucun inventeur ne mettra au point de nouveaux outils s'il sait qu’il sera tenu pour responsable de la mauvaise utilisation de cet outil à l’avenir.
Telegram est prêt à quitter un pays s’il le faut
Le ton devient également un peu plus dur par moment. Si Pavel Durov reconnaît la difficulté à trouver un équilibre entre vie privée et sécurité, il ajoute immédiatement que parfois Telegram peut ne pas être d’accord avec un pays sur la frontière entre vie privée et sécurité.
“Quand la Russie a demandé les clés de cryptage nous avons refusé et nous avons été bannis de Russie. Quand l'Iran a demandé que nous bloquions les comptes de manifestants pacifiques, nous avons refusé et nous avons été bloqués.
Nous sommes prêts à quitter les marchés qui ne sont pas en adéquation avec nos principes.”
Le patron de Télégram s’est également insurgé sur la façon dont son réseau social est dépeint. Ce n’est pas un havre pour tous les criminels ou terroristes de la terre. Il argue, dans ce contexte, que la compagnie a fermé des millions de comptes et de chaînes Télégram et dispose également de hotlines avec de nombreuses ONG pour pouvoir réagir rapidement en cas de signalement.
Fondé en 2013, Télégram compte aujourd’hui près d’un milliard d’utilisateurs. La fortune de Pavel Duroc dépasserait les 15 milliards de dollars, selon le magazine Forbes.
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