Troisième femme à diriger le gouvernement britannique, l'ancienne ministre des Affaires étrangères de 47 ans avait promis de baisser les impôts dès le premier jour, espérant juguler l'inflation en stimulant la croissance.
Tout ne s'est pas passé comme prévu. La mort de la reine Elizabeth II deux jours après que la souveraine l'a missionnée pour former un gouvernement a paralysé toute action en raison du deuil national observé jusqu'aux funérailles.
Puis, à peine le "mini-budget" et ses dépenses pharaoniques au profit des plus riches annoncé par le ministre des Finances Kwasi Kwarteng il y a une semaine, les marchés ont vu rouge, inquiets d'un dérapage budgétaire.
La livre sterling a dégringolé à son plus bas historique, les taux d'emprunt pour l'Etat ont grimpé, le Fonds monétaire international a demandé à Londres de revoir sa copie.
Après ce camouflet pour le coeur du programme économique de Liz Truss, c'est à la banque centrale qu'il est revenu d'intervenir en urgence pour calmer la tempête tandis que le gouvernement maintenait le cap.
Ces débuts chaotiques pour Liz Truss, accompagnés de sondages catastrophiques, annoncent une ambiance morose pour la grand messe des conservateurs, qui s'ouvre dimanche à Birmingham, dans le centre de l'Angleterre.
L'événement s'achève mercredi avec le discours de la dirigeante un jour de grève sur le rail britannique pour des augmentations de salaires face à l'inflation (près de 10%).
Sans Boris, ni Rishi
Après une campagne interne qui a mis au jour les divisions, Liz Truss avait été choisie pendant l'été au détriment de l'ex-ministre des Finances Rishi Sunak, chantre de l'orthodoxie budgétaire et qui n'a eu de cesse de torpiller les "contes de fées" de son adversaire.
C'est pourtant vers ce richissime ancien banquier que le vote des députés conservateurs penchait, avant que les adhérents du parti, peu représentatifs du corps électoral britannique, ne choisissent Liz Truss.
Accusée d'avoir privilégié ses fidèles pour former son gouvernement, la Première ministre risque de faire son discours devant des rangs divisés, voire clairsemés. A l'instar d'autres poids lourds du parti, ni Boris Johnson ni Rishi Sunak ne feront le déplacement.
Le Labour s'envole
Liz Truss est resté mutique pendant plusieurs jours, pendant lesquels les critiques ont commencé à fuser au sein de la majorité, comme les appels à la démission visant le ministre des Finances Kwasi Kwarteng. Elle est sortie de son silence jeudi en excluant tout changement de cap.
Elle défendu la nécessité de prendre des "mesures urgentes" face à la crise et a assuré avoir un "bon plan" pour relancer la croissance.
De son côté, l'opposition travailliste se montre revigorée après son congrès qui a permis de resserrer les rangs, encouragée par des sondages de plus en plus favorables: le dernier publié jeudi par l'institut YouGov leur attribue 54% d'intentions de vote contre 21% pour les conservateurs. Pour retrouver une telle avance abyssale de 33 points, il faut remonter aux années 1990.
Le Labour croit en ses chances de ravir le pouvoir aux conservateurs, aux manettes depuis 12 ans, lors des prochaines législatives prévues en 2024.
Soulignant l'inquiétude des Britanniques face à l'envolée de prix et l'augmentation des taux d'intérêt, le chef des travaillistes Keir Starmer, qui a remis le parti en ordre de marche notamment grâce à un positionnement plus centriste que son prédécesseur Jeremy Corbyn, a accusé cette semaine le gouvernement d'avoir "perdu le contrôle de l'économie".
Dans l'immédiat, pour Liz Truss, le danger vient peut-être surtout de l'intérieur. Selon la presse britannique, les lettres de défiance affluent déjà contre la nouvelle dirigeante, qui fait déjà regretter, aux yeux d'une frange du parti, Boris Johnson malgré ses frasques