La Russie et l'Ukraine se sont mutuellement accusées d'avoir fait exploser le barrage datant de l'ère soviétique et contrôlé par les forces russes, Moscou disant qu'il a été bombardé tandis que Kiev affirme qu'il a été dynamité pour tenter d'entraver la contre-offensive à venir de son armée.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, dont Reuters n'a pas pu immédiatement vérifier l'authenticité, montrent de fortes explosions autour du barrage, dont la moitié de la structure a été emportée par les millions de litres d'eau ainsi libérés, selon l'agence russe Tass qui cite les services d'urgence locaux.
La société nucléaire publique russe Rosatom et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont déclaré que l'alimentation des systèmes de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporijjia, située sur les bords du lac formé par le barrage de Nova Kakhovka, et contrôlée par les forces russes, n'était pas menacée à ce stade.
Andriy Yermak, conseiller de la présidence ukrainienne, a cependant estimé sur Telegram que la destruction du barrage visait à "réactiver la peur d'une catastrophe nucléaire", afin de forcer l'Ukraine à négocier et à renoncer aux territoires occupés par la Russie.
Outre la brèche ouverte dans le barrage - sans doute impossible à réparer, selon les autorités pro-russes de Nova Kakhovka -, les explosions ont totalement détruit la centrale hydroélectrique, a fait savoir la société d'hydroélectricité publique ukrainienne.
Le président Volodimir Zelensky, qui a convoqué une réunion en urgence de son conseil de sécurité, a imputé cette attaque à des "terroristes russes".
"La destruction de la centrale hydroélectrique de Nova Kakhovka démontre au monde entier qu'ils doivent être chassés de chaque coin de la terre ukrainienne", a-t-il déclaré sur la messagerie Telegram.
Les Russes agissent "dans la panique" face à la perspective de la contre-offensive ukrainienne, ont estimé les services de renseignement militaires de Kiev.
Les autorités russes ont elles aussi dénoncé une attaque "terroriste" en l'imputant pour leur part à des bombardements de l'Ukraine.
Selon les autorités installées par Moscou à la tête de la région de Kherson, le niveau du Dniepr en aval du barrage pourrait s'élever d'une douzaine de mètres dans les prochaines heures.
Le barrage mesure 30 mètres de haut sur 3,2 km de large et a été construit en 1956 sur le Dniepr.
Il fournit notamment en eau la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée en 2014 par la Russie, grâce à un canal qui risque à terme de s'assécher, selon le gouverneur de la Crimée, Sergueï Aksionov. Les réservoirs de la péninsule sont pleins, ont cependant assuré les autorités locales.