Josep Borrell lors de la dernière réunion du G7 en Italie / Photo: AFP (AFP)

Pendant les cinq années de son mandat , Josep Borrell a géré la réponse européenne à l’épidémie du Covid, la guerre en Ukraine et la guerre au Proche-Orient, des dossiers difficiles mais des dossiers où l'Europe est sortie de ses stratégies habituelles. Cet ancien ministre socialiste espagnol a réussi à pousser l’Europe un pas plus loin.

Bruxelles a pris en main l’achat groupé de vaccins contre le Covid, les 27 ont accepté de payer et expédier des armes destinées à l’Ukraine. Du jamais vu dans un dossier où les Européens jouent encore le chacun pour soi en matière de défense.

Ses derniers mots en tant que vice-président de la Commission européenne sonnent comme un avertissement: “L’Europe est en danger et elle doit apprendre le langage de la force.” Une mise en garde face aux défis qui attendent l’Union européenne et peut-être aussi un regret de n’avoir pas pu réaliser plus. L’homme a parlé haut et fort mais il n’a pas toujours été suivi par les Etats membres.

Une voix pour les Palestiniens

Ainsi dans le dossier palestinien, Borrell n’a pas réussi à mobiliser les 27 même s'il n’a pas hésité à critiquer Israël et les guerres qu’il a menées à Gaza et au Liban. “C’est une guerre contre les enfants à Gaza, de nombreuses victimes en moyenne 5 ans”, a-t-il pointé, le 18 novembre dernier, lors de sa dernière réunion des ministres des Affaires étrangères.

Après la publication de mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité contre Benyamin Netanyahu, il n’a pas hésité à rappeler aux pays européens signataires du Statut de Rome (qui a créé la Cour pénale internationale) qu’ils étaient tenus d’appliquer les décision de la CPI, tenus d’arrêter le Premier ministre israélien. Malgré cela, la France a déjà décidé de ne pas suivre la CPI au nom d’une immunité dont bénéficient les chefs d'État.

Dans plusieurs récentes interviews, Josep Borrell a exprimé sa frustration face à l’inaction des 27 alors que le carnage continue à Gaza. Pour lui, l’Union européenne en sort avec une image durablement écornée. "Ma plus grande frustration, c’est de n’avoir pas réussi à faire comprendre qu’une violation du droit international, c’est une violation du droit international quel que soit le pays qui la commet”, a-t-il dit.

Il n’a pas hésité à publier un appel à changer de politique européenne à propos de Gaza. “Notre approche depuis un an a échoué, nous devons changer de stratégie, " a-t-il déclaré sur son compte X.

Ses petites phrases ont souvent irrité les capitales européennes, comme le 12 février dernier lorsqu’il déclare devant la presse que si les Etats-Unis sont choqués par le carnage qui a lieu à Gaza, ils devraient tout simplement arrêter d’envoyer des armes : “C’est logique, non?”, a-t-il conclu d'un air interrogateur.

Quelques jours avant la fin de son mandat, dans une interview au journal Times de Malte, il analyse ce qui lui a manqué en tant que représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères : “Cette fonction a besoin de plus de pouvoir, et si rien ne change, l’Union européenne ne sera rien dans le jeu géopolitique”.

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