Les athlètes russes et bélarusses ont dû se qualifier comme tous les autres participants et leurs déclarations et gestes ont été passés au crible pour vérifier qu’ils ne soutenaient pas la guerre en Ukraine, n’étaient pas financés par l’armée russe et n’avaient pas participé aux combats. De ce fait, certaines fédérations sportives russes ont boycotté les jeux, trouvant injuste que certains de leurs athlètes, qui s’étaient qualifiés, soient écartés par le CIO (Comité international olympique). Les judokas et lutteurs russes seront, en conséquence, totalement absents des Jeux.
Autre point de vexation, la trentaine d’athlètes ne participeront pas à la cérémonie d’ouverture de vendredi 26 juillet, leurs médailles ne seront pas comptabilisées dans le classement. S’ils sont titrés, un drapeau neutre sera hissé et l’hymne russe ou bélarusse ne sera pas joué. La Russie boycotte les Jeux. Ainsi, aucun média russe ne couvrira l’événement.
Le monde du sport n’est pas apolitique
À situation exceptionnelle, des mesures exceptionnelles. Néanmoins, pour beaucoup de pays et observateurs, les décisions du CIO sont pro-occidentales. En tête, on trouve la Russie et la Biélorussie qui rappellent que les Etat-Unis ont participé aux jeux d’Athènes en 2004, malgré l’invasion de l’Irak.
D’autres en veulent pour preuve, la non-exclusion d’Israël qui depuis le 7 octobre a lancé une guerre totale contre la population palestinienne, tuant à Gaza plus de 39 000 personnes, détruisant toutes les infrastructures et tuant journalistes, humanitaires et personnel médical. 88 athlètes israéliens seront présents à Paris. Ils défileront avec leur drapeau, et le président français, Emmanuel Macron, a déclaré qu’ils étaient les bienvenus.
Le CIO, sourd aux demandes de boycott d’Israël
Pour Lukas Aubin, chercheur à l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Strastégiques) et spécialiste de la géopolitique du sport, “la neutralité du monde du sport est à remettre en question. Le sport reste profondément ancré dans les réalités politiques et géopolitiques du monde contemporain”. Il ajoute que les instances du sport mondial sont dominées par des occidentaux qui ont choisi de “punir” la Russie pour la guerre en Ukraine. Cette domination occidentale des instances du sport explique aussi le manque d'objectivité vis-à-vis de l'État d’Israël.
Le CIO invoque benoîtement son “apolitisme”, multiplie les déclarations qui insistent sur la bonne entente entre les comités olympiques israélien et palestinien. Une affirmation qui tombe avec la lettre envoyée, lundi dernier, par les Palestiniens qui demandent l’exclusion des Israéliens. "D'un point de vue psychologique, humanitaire et moral, c'est impossible "que des athlètes palestiniens se retrouvent face à des Israéliens lors d'épreuves. Nous sommes les victimes et ils sont les criminels", a asséné Jibril Rajoub, président du Comité olympique palestinien. Le comité a insisté, dans sa lettre, sur les conditions difficiles de l’occupation de la Cisjordanie, la mort de centaines de sportifs à Gaza dans les bombardements.
Le CIO, à la veille de la cérémonie d’ouverture, n’a pas répondu à cette missive.