Alors qu'Israël est plongé dans sa plus grave crise politique intérieure depuis des décennies, le Premier ministre, âgé de 73 ans, a été transporté d'urgence au centre médical de Sheba, près de Tel-Aviv samedi à la suite de la détection d'une "arythmie temporaire", ont déclaré ses médecins.
Netanyahu a subi une intervention chirurgicale pour se faire implanter un stimulateur cardiaque dimanche.
Malgré son opération, M. Netanyahu s'est engagé à être présent lors du vote.
L'hôpital Sheba, où M. Netanyahu a été admis, a indiqué que l'état de santé du Premier ministre était "bon". Quelques jours plus tôt, M. Netanyahu, 73 ans, était sorti du même établissement après une nuit d'hospitalisation à la suite de vertiges.
29ème semaine de manifestation
Des milliers de personnes ont défilé dimanche à Jérusalem pour appeler au dialogue entre gouvernement et opposition, a constaté un journaliste de l'AFP. Des manifestations sont prévues à Tel Aviv et Jérusalem dimanche soir en faveur et contre la réforme.
Les alliés du Premier ministre affirment que ce plan est destiné à redonner du pouvoir aux élus, mais les critiques affirment qu'il s'agit d'une prise de pouvoir de la part de M. Netanyahu, qui fait l'objet d'un procès pour corruption.
Les dirigeants de l'opposition, dont l'ancien Premier ministre Yaïr Lapid, se sont également joints à des manifestations organisées samedi dans différentes parties du pays. Il a mis en garde contre les graves conséquences pour l'armée de l'adoption d'un projet de loi visant à limiter le contrôle judiciaire sur les décisions du gouvernement.
Menace des réservistes
La crise en cours en Israël s'est étendue à l'armée, des centaines de réservistes volontaires menaçant de ne pas se présenter au service si le gouvernement persiste dans ses projets. D'anciens chefs de l'armée et de la sécurité ont en outre prévenu que la sécurité nationale était désormais menacée.
Plus de 1.100 réservistes de l'armée de l'air israélienne ont menacé de suspendre leur service volontaire, au moment où les manifestations s'intensifient à l'approche du vote final sur un projet de loi visant à réformer le système judiciaire.
Vendredi, au moins 1.142 réservistes de l'armée de l'air ont déclaré leur intention de suspendre leur service volontaire si la Knesset (le Parlement) adopte le projet de loi la semaine prochaine.
"Nous avons tous la responsabilité de mettre fin à la division (...) et aux clivages profonds au sein de la population", ont-ils affirmé dans une déclaration dont les signataires comprennent notamment 235 pilotes de chasse, 173 opérateurs de drones et 85 soldats commandos.
Dans une missive adressée à ses troupes, le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, affirme que l’unité de l’armée israélienne a été mise à mal par les appels des réservistes à mettre fin à leur service volontaire pour protester contre les projets controversés du gouvernement visant à réformer le système judiciaire.
"Nous avons agi pour tenir l'armée israélienne à l'écart du débat, mais en raison de son intensité dans la société israélienne, nous y avons été entraînés, et la cohésion de l'armée en a souffert", a déclaré le chef d'état-major, M. Halevi. "Il est de notre devoir d'empêcher ces fissures de s'élargir", a-t-il ajouté, précisant qu'il ne parlera pas du débat sur la réforme.
"Le rôle de Tsahal est de protéger le pays, y compris de permettre un débat dans des conditions sûres", a-t-il martelé, soulignant que les "fissures" au sein de l'armée "sont dangereuses".
"Il n'est pas besoin d'être chef d'état-major pour voir que nous courons à une catastrophe sécuritaire. Benjamin Netanyahu restera peut-être dans l'histoire comme celui qui a précipité Israël dans le chaos sécuritaire", a alerté ce dimanche matin Raphaël Jérusalmy, ancien officier du renseignement militaire à i24NEWS.
La plupart des Israéliens qui effectuent leur service militaire obligatoire (d'une durée de 32 mois pour les hommes et 24 pour les femmes) sont ensuite censés participer volontairement au service de réserve chaque année pendant une période déterminée.
Chronologie
Le gouvernement de M. Netanyahu a pris ses fonctions en décembre et, le 5 janvier, le ministre de la Justice, M. Yariv Levin, a dévoilé ses projets de réforme judiciaire.
Mais lorsque des manifestations ont éclaté dans les grandes villes et que les réservistes militaires ont menacé de ne plus se présenter au travail si le projet était adopté, M. Netanyahu a suspendu la réforme en mars et a entamé des pourparlers avec les législateurs de l'opposition.
Les débats sur cette loi ont débuté dimanche à la Knesset et le vote en 2e et 3e lecture devrait se tenir lundi. S'il est approuvé, il s'agira de la première composante majeure de la réforme judiciaire proposée à devenir une loi.
Selon le gouvernement, la réforme vise entre autres à rééquilibrer les pouvoirs, en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement. Mais ses détracteurs estiment qu'elle risque d'ouvrir la voie à une dérive anti-libérale ou autoritaire.
Le projet de réforme judiciaire israélien a provoqué des tensions avec les États-Unis, déjà critiques vis-à-vis d'Israël sur fond de montée des violences entre Israéliens et Palestiniens.
Washington a exhorté Benjamin Netanyahu, qui est jugé pour des accusations de corruption qu'il rejette, à rechercher des compromis sur le projet de réforme.