Le ministre français de l’Education nationale Gabriel Attal, avait annoncé l’instauration, peu avant la rentrée scolaire, l’interdiction aux élèves de porter l’abaya à l'école. Une mesure qui ne cesse de faire polémique d’autant plus qu’un nombre important de policiers ont été déployés dès la rentrée scolaire, devant les écoles afin de faire respecter l’interdiction.
Dans une tribune publiée mercredi dans Politis, quelque 350 personnalités et organisations ont dénoncé dans cette nouvelle mesure une “attaque raciste, sexiste, patriarcale et islamophobe” du gouvernement contre les jeunes femmes musulmanes “sous couvert de laïcite”.
Continuité de la loi de 2004
La tribune dénonce non seulement une mesure qui discrimine les éleves selon leur faciès, leur patronyme, et leur appartenance réelle ou supposée à l’islam, mais aussi un profilage raciste et sexiste contre ces dernieres interdites d’entrer dans leur établissement “car portant une simple robe longue, un kimono, ou encore un vêtement trop noir”.
Une interdiction qui s’inscrit selon les signataires dans “la continuité des offensives racistes et islamophobes mises en place, sous-couvert de laïcité, depuis la loi de 2004 interdisant le port du voile à l’école” et qui aura pour conséquence “d’accentuer la stigmatisation, le harcèlement et les humiliations subies par ces élèves de la part de l’institution scolaire”. selon les signataires.
“Attaques contre les mères accompagnatrices de sorties scolaires portant le foulard, signalements du taux d’absentéisme le jour de la fête de l’Aïd, circulaires appelant les personnels à « détecter et signaler » les « signes de radicalisation »… depuis plusieurs années, le gouvernement, de concert avec la droite et l’extrême droite, n’a cessé de faire de l’école le terrain privilégié de ses offensives islamophobes et de renforcer le contrôle des jeunes élèves musulman-es ou assimilé-es comme tel-les” poursuit la tribune.
Les signataires attirent aussi l’attention sur les conséquences néfastes que peut avoir ce harcèlement quotidien sur la scolarité des jeunes filles musulmanes. Celles-ci sont privées de leur droit à une éducation publique du fait de “leur foi réelle ou supposée” et dénoncent derrière le “faux argument de la laïcité”, une mesure non seulement “raciste et discriminante puisque ce sont bien aux jeunes filles racisées que l’on interdit de venir à l’école habillées comme elles le souhaitent” mais aussi “sexiste et patriarcale qui vise à contrôler toujours plus le corps des filles à l’école”.
Cette mesure s’inscrit également dans la continuité de la “répression brutale des révoltes” et constitue une offensive générale contre la jeunesse des quartiers populaires. Ces derniers avaient exprimé leur colère en réaction au meurtre policier du jeune Nahel le 27 juin 2023.
“C’est pourquoi face à cette énième mesure islamophobe, nous, intellectuel-les, militant-es, syndicalistes, avocat-es, parents et personnels de l’éducation, affirmons notre opposition à cette interdiction des abayas et refusons que l’école continue d’être le relais de politiques racistes, sexistes et patriarcales. Nous apportons toute notre solidarité et notre soutien aux élèves et jeunes filles visées par cette interdiction et nous réaffirmons que trop couvertes ou pas assez, c’est aux femmes et aux élèves de décider !” concluent les signataires de la tribune.
Le gouvernement français a vivement été critiqué par plusieurs personnalités politiques, des syndicats, et autres ONG depuis l’interdiction du port de l’abaya à l'école. Plusieurs syndicats ont saisi le Conseil d’Etat français dans le cadre d’un référé-suspension, une procédure d'urgence, mise en oeuvre pour demander au juge d'empêcher l'exécution immédiate d'une décision administrative, concernant l’interdiction du port de l’abaya en milieu scolaire.