L’inflation est un terme économique connu de tous sans que pour autant il ne soit au centre des discussions du citoyen lambda. Du moins, c’était le cas depuis un certain nombre d’années.
En effet, depuis la fin des années 1980, la France n’a pas connu d’inflation qualifiée de "forte", elle n’a que très rarement dépassé le seuil des 3%, et ce seulement dans les années 90, et depuis elle a majoritairement été en-dessous des 2%, en dehors de quelques exceptions (source INSEE).
Il aura donc fallu attendre près de 40 ans pour que l’inflation reprenne une place importante dans les discussions autour de la situation économique en France.
Mais deux évènements majeurs de ces dernières années ont eu et ont des effets néfastes sur l’inflation en France, ainsi que partout en Europe et dans le monde : il s’agit de la pandémie de Covid-19 et la toute récente offensive militaire russe contre l’Ukraine.
Même si les conséquences de la première se font ressentir de manière plus lente et légère, notamment par le dérèglement du système commercial mondial en raison, en particulier, des chaînes d’approvisionnement qui ont été bousculées, les effets de la guerre en Ukraine sont beaucoup plus visibles, rapides et tangibles par tous.
Les deux belligérants de la guerre, la Russie et l’Ukraine sont des fournisseurs essentiels dans un certain nombre de secteurs pour l’ensemble de l’Europe et du monde.
La Russie est un gros producteur d’énergies, gaz naturel et pétrole. L’Ukraine, quant à elle, est une source importante de céréales, blé en particulier, mais aussi de tournesol utilisé dans la production d’huile [de tournesol]. La Russie est aussi un grand producteur de blé et les deux pays fournissent un grand nombre de pays sur tous les continents.
Des rayons vides dans les supermarchés
"La Russie et l’Ukraine représentent 80 % des exportations mondiales d’huile de tournesol. Et la France importe deux tiers de ses approvisionnements d’Ukraine", explique un responsable au ministère de l’Économie, au quotidien "20minutes".
En effet, depuis plusieurs jours les rayons consacrés à certaines huiles, dont l’huile de tournesol, rencontrent d’importantes difficultés d’approvisionnement. Le produit se faisant rare, les consommateurs se tournent naturellement vers d’autres huiles, conséquence, l’huile de colza aussi se raréfie.
En réalité, affirment les responsables au ministère de l’Agriculture, s’il n’y avait pas une consommation "anormale" en raison de la panique autour de la "disparition" de ces produits, les stocks sont suffisants. Mais les achats "de précaution" des consommateurs rendent l’approvisionnement régulier compliqué.
"Pour l’huile de tournesol, nos stocks vont jusqu’à juin", a assuré Michel-Edouard Leclerc, sur BFMTV. Le patron des supermarchés qui portent son nom estime cependant que la pénurie pourrait apparaitre à la fin de l’été, puisque les agriculteurs ukrainiens ne pourront peut-être pas produire autant que les années précédentes en raison de la guerre.
La crise de l’huile de tournesol ne touche pas seulement les consommateurs, mais aussi l’ensemble de l’industrie agroalimentaire qui utilise cette huile dans la préparation de nombreux autres produits. Une hausse des prix et une raréfaction d’autres produits alimentaires est donc probable.
Autre conséquence, plus subtile, consiste à informer le consommateur de l’utilisation dans les recettes d’huiles autres que l’huile de tournesol. En effet, les industriels doivent clairement indique s’ils utilisent désormais de l’huile de colza par exemple, afin de limiter tout risque relatif à des allergies notamment.
Dans tous les cas, la guerre en Ukraine et les difficultés d’approvisionnement concernant certains produits agroalimentaires risquent de booster l’inflation dans les mois prochains.
La hausse des prix de l’énergie
Mais les Français ressentent davantage une autre hausse qui plombe sérieusement leur pouvoir d’achat : les prix des énergies, carburant, gaz et électricité.
En effet, comme beaucoup de pays européens, la France achète en quantité importante le gaz naturel russe, en particulier pour le chauffage. En 2020, le gaz russe représentait 17% du gaz consommé en France. Mais grâce à son important parc énergétique nucléaire, la France, contrairement à l’Allemagne par exemple, ne fait pas usage du gaz russe pour produire de l’électricité. Sans ça, la hausse de la facture énergétique des Français, en particulier en plein hiver, aurait pu être encore plus salée.
Néanmoins, l’instabilité et les inquiétudes causées par la guerre russe en Ukraine ont aussi un impact sérieux sur les prix du baril de pétrole, ce qui se transforme en hausse des prix de l’essence à la pompe. Les fortes hausses de ces dernières semaines ont lourdement pénalisé les consommateurs français. Rappelons que la hausse des prix du carburant avait été l’élément déclencheur du mouvement des Gilets Jaunes en 2018 en France. Pourtant, à cette époque, les prix étaient de l’ordre de 1,40 € le litre de gazole, alors qu’avec la guerre en Ukraine il a dépassé les 2 € en mars.
Le constat aurait pu être le même pour l’électricité. Mais le gouvernement français a décidé de plafonner la hausse des prix à 4%, grâce à des baisses de taxes, sans quoi les marchés auraient enregistré des hausses allant de 10 à 15%.
Ainsi donc, les inquiétudes liées à une inflation montante refont surface au sein de la société française. Les conséquences de la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et les autres instabilités géopolitiques à travers le globe risquent de booster l’inflation encore plusieurs mois si ces crises ne prennent pas fin rapidement.