La Guinée-Bissau est sans Assemblée nationale depuis lundi.
Le Président Umaro Sissoco Embalo a décidé sa dissolution par décret, moins de six mois après sa reconstitution, à la suite d'une mesure similaire qu’il avait prise en 2022.
Le chef de l’État Bissau-guinéen explique cette décision par la fusillade de la semaine dernière, entre les troupes du Bataillon présidentiel qui lui sont fidèles et les forces de la Garde nationale, contrôlées par le parlement, qu'il a qualifiée de coup d'État manqué.
La garde nationale avait libéré de force deux ministres retenus dans les locaux de la police judiciaire. Ce que le bataillon présidentiel n’a pas apprécié.
"La date des prochaines élections législatives sera fixée en temps voulu, conformément aux dispositions de la Constitution", indique un décret entré immédiatement en vigueur.
Le président de l’Assemblée nationale a rejeté le décret du président, notant que la constitution stipule que le parlement ne peut être dissous dans les 12 premiers mois suivant une élection.
"Si cette situation se produit, quel que soit le mécanisme utilisé, nous sommes en présence d'une subversion de l'ordre démocratique ou d'un coup d'État constitutionnel", a déclaré Domingos Simões Pereira, président du parlement, aux journalistes.
C'est la deuxième fois en moins de deux ans qu'Embalo dissout le parlement. Trois mois après avoir survécu à une tentative de coup d'État en février 2022, le dirigeant bissau-guinéen récidive, invoquant des "différends insolubles" avec le corps législatif.
Le système semi-présidentiel de la Guinée-Bissau limite les pouvoirs du président en permettant au parti majoritaire au parlement de constituer le gouvernement. En conséquence, la Garde nationale, qui dépend du ministère de l'Intérieur, est largement contrôlée par le parlement dominé par l'opposition, tandis que le bataillon du palais présidentiel est fidèle à Embalo.
M. Embalo, ancien général de l'armée, a été déclaré vainqueur du second tour de l'élection présidentielle de décembre 2019, et contesté par son adversaire. Des tensions persistent entre lui et la coalition de groupes d'opposition qui a remporté la majorité au parlement bissau-guinéen en juin dernier, lors de la reconstitution du parlement.
Depuis qu'elle a obtenu son indépendance du Portugal en 1974, la Guinée-Bissau, un pays de 2 millions d'habitants, n'a cessé de connaître des troubles politiques, avec quatre coups d'État et plus d'une douzaine de tentatives de coups d'État, souvent liés à la lutte du gouvernement contre le trafic de drogues.
La Guinée-Bissau est devenue un point de transit de la cocaïne entre l'Amérique latine et l'Europe depuis les années 2000, les trafiquants profitant de la corruption et de la faiblesse de l'État pour opérer.