Human Rights Watch et Amnesty International ont exprimé dans une déclaration commune, leur préoccupation face aux récits contradictoires des garde-côtes grec et souligné « le besoin urgent d'une enquête effective, indépendante et impartiale ».
Le 14 juin, un bateau de pêche de 30 mètres de long, l'Adriana, a chaviré et coulé à environ 80 kilomètres de la ville côtière du sud de la Grèce, Pylos, avec une majorité de migrants en provenance du Pakistan, de la Syrie et de la Libye.
Seulement 104 personnes ont survécu sur les 400 à 700 migrants à bord. 82 corps ont été récupérés, alors que les autres migrants sont portés disparus ou considérés comme morts.
Dans le sillage de l'accident, les déclarations de quelques survivants ont laissé entendre qu'un bateau de garde-côtes grec avait remorqué le navire, entraînant le naufrage fatal. Les autorités grecques ont opposé un démenti à ces allégations.
"Les disparités entre les récits des survivants du naufrage de Pylos et la version des événements donnée par les autorités sont extrêmement préoccupantes", a déclaré Judith Sunderland, directrice associée de la section Europe et Asie centrale chez Human Rights Watch.
"Les autorités grecques, avec le soutien et l'examen de la communauté internationale, devraient veiller à ce qu'une enquête transparente soit menée pour établir la vérité et la justice pour les survivants et les familles des victimes, et tenir les responsables pour comptables", a exhorté Sunderland.
Dans le cadre de l'enquête en cours sur les circonstances du naufrage et les mesures de responsabilité, une délégation de Human Rights Watch et d'Amnesty International s'est rendue en Grèce entre le 4 et le 13 juillet.
La délégation a interrogé 19 survivants du naufrage, quatre proches des disparus, des organisations non gouvernementales, des agences et organisations des Nations Unies et internationales, ainsi que des représentants de la garde côtière hellénique et de la police grecque.
Le remorqueur grec a causé le naufrage du navire
"Les observations initiales des organisations confirment les préoccupations rapportées par plusieurs autres sources fiables quant à la dynamique du naufrage. Les survivants interrogés par Amnesty International et Human Rights Watch ont systématiquement déclaré que le navire de la garde côtière hellénique dépêché sur les lieux avait attaché une corde à l'Adriana et avait commencé à la remorquer, ce qui l'a fait basculer puis chavirer", indique la déclaration commune des associations.
Les autorités grecques ont ouvert deux enquêtes criminelles, l'une visant les passeurs présumés et l'autre portant sur les actions des garde-côtes. Selon Amnesty International et Human Rights Watch, il est essentiel que ces enquêtes respectent les normes internationales des droits de l'homme en matière d'impartialité, d'indépendance et d'efficacité.
Le mois précédent, les députés de l'UE ont exhorté la Grèce et la Commission européenne à lancer une enquête internationale et indépendante sur le naufrage meurtrier d'un bateau de migrants.