L’affaire éclate en 2014, lorsque l’Office européen de lutte antifraude, l’organe de contrôle du Parlement européen, reçoit des informations sur de possibles irrégularités dans les contrats des assistants parlementaires du FN.
Les assistants parlementaires des députés du FN au parlement européen seraient en fait des permanents du parti politique et ne mettraient pas les pieds à Bruxelles ou Strasbourg. Or, le règlement du Parlement européen stipule que les crédits versés aux eurodéputés pour employer des assistants ne doivent en aucun cas financer une activité politique nationale. L’institution s’est d’ailleurs portée partie civile dans la procédure française.
Devant le tribunal de Paris, vont défiler à peu près tous les anciens et actuels cadres du parti, en tout 28 personnes: Louis Aliot, maire de Perpignan, Marine Le Pen, ancienne présidente du FN, Bruno Gollnish, ancien membre du FN et Wallerand de Saint Just, ancien trésorier du parti.
Le RN nie en bloc les accusations de l’UE
La situation du FN n’est pas au beau fixe au moment des faits. . Le parti est très endetté et cette solution “européenne” aurait permis de sérieuses économies sur la masse salariale du parti. Le Parlement européen a fait ses calculs dans une note. Les frais d’assistants parlementaires rattachés à ces 23 eurodéputés équivalent à 6,8 millions d’euros, ce qui représente plus du double de la masse salariale du FN.
On trouve parmi ces “assistants” le garde-du-corps des chefs du parti, la sœur de Marine Le Pen, Julien Odoul, aujourd’hui député. Dans les différentes perquisitions, on retrouve des emails dans lesquels les employés s’étonnaient de leur rattachement à tel ou tel député, rappelant leur méconnaissance des affaires européennes.
Selon plusieurs enquêtes menées par des médias, notamment par “Complément d’enquête” de France2, le Rassemblement national a fourni des preuves “anti-datées” du travail de ses assistants à Bruxelles. Ces affirmations concernent notamment un certain Jordan Bardella, actuel président du RN.
lire aussi: Marine Le Pen souhaite de nouvelles législatives
Un procès risqué pour Marine Le Pen
L’attention va se concentrer sur l’actuelle présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, renvoyée pour détournements de fonds publics (en tant qu’eurodéputée) et complicité du même délit, en tant que présidente du parti.
Mi-septembre, l’ex-avocate de 56 ans, a indiqué dans le quotidien Le Parisien qu'elle tenterait de faire valoir à la barre que les assistants parlementaires ne sont "pas des salariés du Parlement européen" et qu'ils ont "évidemment vocation, pour un certain nombre d'entre eux, à faire de la politique".
Tous les prévenus poursuivis pour détournement de fonds publics risquent jusqu’à dix ans d'inéligibilité, dix ans d'emprisonnement et un million d'euros d'amende, ce qui pour Marine Le Pen signifierait qu’elle ne peut se présenter à l’élection présidentielle de 2027. Le procès doit durer sept semaines.