“Agression au domicile”
Depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et les Palestiniens, des “actes antisémites” sous faux drapeaux sont en pleine recrudescence en France. Même démentis, ces canulars de mauvais goût aboutissent, en définitive, à l’incrimination des musulmans de France.
Le 9 novembre, une femme de confession juive avait déposé plainte déclarant avoir été victime d’une agression antisémite dans son domicile à Six-Fours-les-Plages (Var).
La présumée victime avait signalé dans sa plainte qu'un individu l'avait suivie jusqu'à son domicile, l'avait violemment agressée, proféré des menaces de mort, et l'avait délestée de 800 euros en liquide, tout en la traitant de "sale juive".
Le parquet de Toulon a alors initié une enquête, confiant les investigations à la police judiciaire. Le procureur Samuel Finielz a annoncé lundi que les enquêteurs, grâce à l'analyse de nombreuses vidéos de surveillance, ont conclu que l'agression était purement "imaginaire".
La plaignante, placée en garde à vue pour "dénonciation mensongère", a admis avoir menti et justifié son geste par des difficultés financières et une dépendance aux jeux d'argent.
L’affaire des tags antisémites
La récente affaire des tags antisémites a secoué la scène politico-médiatique française, des journalistes et responsables politiques s’empressant d’imputer la responsabilité aux “islamistes”. Or, il s’est avéré que les graffitis “antisémites” en question, étaient le fait d’un couple moldave en situation irrégulière.
Les faits se sont déroulés le vendredi 27 octobre dans le 10e arrondissement de la capitale. Lesdits individus ont été appréhendés en flagrant délit d’inscription d'une étoile de David sur la façade d'un établissement scolaire.
Selon des sources policières, ce couple, originaires de Moldavie, a été trouvé en possession de pochoirs et de bombes de peinture lors de leur arrestation. Le parquet de Paris a confirmé que ces deux personnes ont admis avoir réalisé ces graffitis “antisémites”.
Ils ont été placés en centre de rétention administrative avant d'être expulsés, sans être interrogés sur leurs motivations. Le symbole de l'étoile bleue, qu'ils avaient apposé sur le mur d’une école, a été rapidement effacé le même jour.
Bien que les deux individus aient été appréhendés vendredi 27 octobre, la police et le ministère de l'Intérieur ont laissé planer le doute pendant 5 jours, laissant ainsi l’opinion publique imputer cet acte aux musulmans de France, dans un contexte de recrudescence de tensions entre pro-palestiniens et pro-israéliens.
Le 31 octobre encore, c’est à dire quatre jours après les faits, lors d'une visite au centre culturel israélite de Levallois-Perret, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en personne, pointait du doigt “une forme d'islam radical” et une “forme d'ultragauche” qui se rejoignaient “dans la haine des Juifs” rappelant que la République est disposée à “lutter contre ce poison", alors qu’il avait connaissance de l’interpellation des protagonistes moldaves.
Mais le plus inquiétant dans cet incident, c’est que le couple moldave avait déclaré avoir peint ces tags à la “commande d’un tiers”.
Depuis, le commanditaire en question s’est révélé être un certain Anatoli Prizenko, homme d’affaires moldave de 48 ans, qui affirmait sur BFM TV, avoir mené cette action conjointement avec une organisation de la communauté juive européenne nommée “Bouclier de David”, dans le but de “soutenir les juifs de France”.
Le quai d’Orsay a, quant à lui, accusé une “opération d'ingérence numérique russe” pour “semer la confusion et créer des tensions en France”.
Alors que de sérieux doutes planent toujours autour de cette affaire classée sans suite, l’avocat français Juan Branco, n’avait pas manqué de mettre en cause une histoire “montée de toutes pièces” par le ministre de l'Intérieur.
Tags antisémites à Levallois-Perret
Mais ce n’est pas la première fois que les musulmans de France sont incriminés pour une affaire de tags antisémites. En août dernier, des inscriptions à caractère antisémite avaient été découvertes sur la devanture d'un restaurant casher à Levallois-Perret durant la nuit du 18 au 19 août.
Encore une fois, des politiques et journalistes n’ont pas hésité à monter au créneau pour établir un lien entre cet acte “antisémite” et la “montée de l’islam radical” en France.
Or, selon les informations révélées par le journal “Le Parisien”, il s’est avéré par la suite que l'individu responsable des inscriptions à caractère antisémite à Levallois-Perret était un homme de confession juive.
L'homme âgé de 74 ans, fils de survivants de la Shoah, a reconnu sa responsabilité dans les actes et a été présenté devant le tribunal correctionnel de Nanterre.
L'homme a affirmé avoir agi en raison d'un différend commercial. En effet, d'après le journal, "le locataire ne respecterait pas les termes de son contrat".
Refusant les accusations d'antisémitisme, son avocat a confirmé qu'il s'agissait d'un "différend commercial qui l'a poussé à bout".
Femme juive “poignardée” à Lyon
La dernière affaire de faux acte antisémite est survenue à Lyon samedi 4 novembre. Selon les informations du Parisien, une femme de 30 ans a affirmé avoir été agressée à son domicile dans la métropole lyonnaise.
La trentenaire de confession juive, aurait été frappée de deux coups de couteau à l’abdomen chez elle, dans le troisième arrondissement de Lyon. L’arme utilisée lors de cette attaque a été retrouvée sur les lieux du drame.
Le parquet a évoqué un possible mobile antisémite, étant donné qu’une croix gammée avait également été retrouvée sur la porte de la trentenaire.
Or, selon Alexandra Gonzalez, cheffe adjointe du service police-justice de BFM TV, les enquêteurs se posent déjà la question d’une “possible automutilation”. Un compte-rendu du médecin qui a examiné la victime évoque également une possible automutilation en raison de la “proximité des deux coups de couteau”.
Auto-mutilation d’un professeur d’histoire-géographie
Encore une fois, il s’avère qu’il s’agit d’une fausse agression. Mais ce n’est pas la première fois qu’une personne de confession juive s’automutile pour simuler une agression à caractère antisémite.
Les faits remontent à novembre 2015. Cinq jours après les attentats du Bataclan, Sylvain Tsion Saadoun, 57 ans, professeur d’histoire-géographie à Marseille, avait affirmé avoir été agressé par deux jeunes se revendiquant de Daech, alors qu’il se rendait à la synagogue.
Selon son récit, Sylvain Saadoun assurait avoir été questionné − “Tu es juif ou tu es musulman ?" d'être jeté à terre, alors que l’un de ses agresseurs lui exhibait une photo de Mohamed Merah sur son portable, et l’autre arborant un tee-shirt portant les symboles de Daech. "Sale juif, sale porc ! On va te taillader puis t’achever", l’auraient-ils menacé.
Cette “agression” avait eu un grand retentissement dans les médias, et le professeur d’histoire-géographie avait été invité sur plusieurs plateaux télés, pour présenter ses plaies et l’histoire de l’agression inventée de toutes pièces.
Mais les enquêteurs ont vite relevé les incohérences du récit et celle des entailles, des traces de sang sur les vêtements qui ne correspondaient pas aux plaies. Le tribunal correctionnel de Marseille a finalement condamné l’enseignant de confession juive, à six mois de prison avec sursis pour dénonciation mensongère.
Ce n’est ici qu’une liste non exhaustive des fausses agressions antisémites qui ont eu lieu en France. L’on pourrait encore citer d’autre exemples comme celui du rabbin Gabriel Farhi qui s'était auto-poignardé en 2003 dans sa synagogue, avant d’accuser des musulmans qui auraient crié “Allah Akbar”, ou encore l’affaire du RER D en 2004 où Marie-Léonie Leblanc avait affirmé -avant de se rétracter- avoir été agressée par une “bande de maghrébins”.
Ces faux actes antisémites interrogent autant sur la motivation de leurs protagonistes que sur le rôle des médias et des politiques français qui après tant d’exemples de manipulations n'hésitent toujours pas à verser dans la surenchère médiatique pour incriminer les musulmans de France avant même d’avoir vérifié l'authenticité des récits.