Le président français s'est rendu fin août à Alger, après des mois de crise diplomatique, liée au contentieux mémoriel entre les deux pays. A cette occasion, Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmajid Tebboune ont signé solennellement un document qui "renouvelle leur engagement à inscrire leurs relations dans une dynamique de progression irréversible", 60 ans après la fin de la guerre d'Algérie.
A la suite de cette visite, une tribune, publiée jeudi matin avant d'être retirée dans l'après-midi, était signée par le chercheur Paul Max Morin, et s'intitulait "Réduire la colonisation en Algérie à une +histoire d'amour+ parachève la droitisation de Macron sur la question mémorielle".
Dans une première brève mise au point, le quotidien du soir avait livré cette explication: "Si elle peut être sujette à diverses interprétations, la phrase +une histoire d'amour qui a sa part de tragique+ prononcée par M. Macron lors de la conférence de presse n'évoquait pas spécifiquement la colonisation, comme cela était écrit dans la tribune, mais les longues relations franco-algériennes".
"Le Monde présente ses excuses à ses lectrices et lecteurs, ainsi qu'au président de la République", écrivait le journal à la fin de cette première mise au point, vite suivie de critiques.
"Retirer une tribune pour une citation de Macron qui lui déplaît ! Nouvelle étape dans l'affaissement d'une presse autrefois référence", avait ainsi tweeté jeudi soir le leader de La France insoumise (gauche radicale), Jean-Luc Mélenchon.
"Sidérante censure", a également tweeté vendredi matin le journaliste Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, pointant le fait que Le Monde "présente ses +excuses+ au président de la République".
"Retirer un texte est une pratique anormale et incompréhensible", a réagi vendredi l'auteur de la tribune, Paul Max Morin, auprès du quotidien Libération.
Après ces critiques, Le Monde a publié vendredi après-midi sur son site une explication plus développée.
"Les pages Débats du Monde ont vocation à accueillir des analyses et des points de vue, y compris très polémiques. Nous ne pouvons nous permettre d'y accueillir des textes comportant des erreurs factuelles", a argumenté le journal vendredi après-midi.
"Quand on commet des erreurs qui sont de notre fait, c'est normal de s'excuser auprès des personnes à qui ça a pu porter préjudice, à commencer par nos lecteurs", a par ailleurs déclaré à l'AFP le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, au sujet des excuses exprimées dans le premier billet.
En octobre 2021, des propos de M. Macron rapportés par Le Monde, accusant le système "politico-militaire" algérien d'entretenir une "rente mémorielle", avaient provoqué une crise entre Alger et Paris.