Agiter un drapeau, une pancarte ou autre objet au sein de l’Assemblée est effectivement interdit. Un rappel à l’ordre comme c’est généralement le cas aurait pu être choisi, une sanction était possible. Mais la présidente de l’Assemblée nationale a choisi la manière forte. Elle est au perchoir, la présidente qui a infligé le plus de sanctions.
Mais il faut aussi souligner que 80% des sanctions qu’elle décide sont adressées à des députés La France insoumise. La présidente de l’Assemblée nationale française serait donc partiale ? Yaël Braun Pivet est une élue Renaissance, elle a privilégié une approche sévère quand il s’est agi de remettre de l’ordre dans l’hémicycle. Les réseaux sociaux ont particulièrement passé et repassé le visage outré, défiguré par la colère de la présidente au moment où le député déploie un drapeau palestinien. Il est à souligner qu’elle n’a jamais eu une réaction aussi forte lors d’autres incartades au règlement.
Une présidente ouvertement pro-israélienne
Celle qui appelle à ne pas afficher un drapeau palestinien a porté à son revers un drapeau français et un drapeau israélien après le 7 octobre, comme beaucoup de députés. Personne n’a, alors, été sanctionné ou rappelé à l'ordre.
Depuis le 7 octobre, elle a également fait montre d’un soutien sans faille à Israël. Elle est, notamment, allée le 21 octobre afficher “sa solidarité” à Tel-Aviv. Elle s’y est rendue avec deux pro-Israéliens notoires, Eric Ciotti, patron des Républicains et Meyer Habib, député des Français de l’étranger. Un voyage qui mélange sa fonction de représentante de l’Etat français et son militantisme. Elle s’est affichée avec les officiels israéliens et a visité le sud du pays où ont eu lieu les attaques.
Elle s’exhibe comme la plupart de la classe politique française au dîner annuel du CRIF. Elle a, par ailleurs, multiplié les manifestations, photos à l’appui, dans les jardins de l’Assemblée nationale en soutien aux otages israéliens retenus à Gaza. Elle n’a jamais manifesté pour la population civile de Gaza malgré le nombre élevé de victimes. Compromission ou réaction communautaire, puisque Yaël Braun Pivet est juive, l’élue Renaissance sort très régulièrement de la neutralité qu’elle devrait afficher.
Une sanction disproportionnée pour une député LFI
La présidente de l’Assemblée n’a jamais sanctionné Meyer Habib, député des Français de l’étranger, proche de Benyamin Netanyahu qui multiplie les insultes et les propos racistes au sujet des Palestiniens ou au sujet de ses collègues députés.
En décembre dernier, Yaël Braun-Pivet avait même refusé la requête de 39 députés de gauche visant à lever l’immunité parlementaire de Meyer Habib, député apparenté Les Républicains proche de Benjamin Netanyahou. Le député qui défend régulièrement les crimes de guerre commis par Israël avait lancé la phrase “Et ce n’est pas fini !” en référence à un agent du ministère des Affaires étrangères tué lors d’un bombardement à Gaza.
Pro-israélienne, la présidente de l’Assemblée a également du mal avec la gauche. Elle gère notoirement les députés selon leur appartenance politique. Dans le journal Politis, le député EELV Benjamin Lucas ne dit pas autre chose : “Le recours à la sanction de Yaël Braun-Pivet est à géométrie très variable. Il traduit une volonté de museler l’opposition de gauche, et d’humilier les défenseurs de la cause palestinienne.”
Autre pays, autre mœurs. En Italie, Etat au gouvernement d’extrême droite, des députés ont brandi un drapeau palestinien, le même jour, soit mardi 28 mai, pour dénoncer le dernier massacre à Rafah et ils n’ont pas été inquiétés. La classe politique française serait-elle furieusement pro-israélienne ?