Plusieurs centaines de protestataires ont manifesté, samedi, contre le très controversé projet de loi immigration, réclamant également une baisse des prix des loyers et une meilleure politique du logement en faveur des Français en situation précaire.
Les manifestations ont eu lieu un mois avant l'arrivée du projet de loi au Sénat le 6 novembre prochain, comme l'a annoncé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Des protestations ont déjà eu lieu contre ce projet de loi, qui vise à renforcer le contrôle de l'immigration, notamment par des mesures sévères à l'encontre des migrants, à savoir des peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux ans. Donnant ainsi aux autorités le pouvoir de les expulser sans leur trouver d'excuses loyales.
S'exprimant au micro d'Anadolu, Anzoumane Sissoko, membre du mouvement français des sans-papiers, a dénoncé ce projet de loi, exprimant son total soutien aux sans-papiers et aux demandeurs d'asile.
"Je ne sais pas pourquoi la France ne veut pas régulariser la situation de ces migrants, alors que le pays a vraiment besoin de la main-d'œuvre étrangère", a-t-il déclaré.
Les manifestants ont signalé que la loi risque de compliquer le processus d’obtention d’un statut légal en France en favorisant les expulsions. Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, 15 000 personnes ont été expulsées de France l'année dernière.
''Les gens fuient leur pays et empruntent des voies périlleuses à travers le désert. Alors que certains passent par la Libye, pour avoir une vie meilleure'', a déclaré à Anadolu Jérôme Legavre, membre du parti de gauche français La France insoumise (LFI).
Et d'ajouter : ''Les réfugiés doivent être aidés, et beaucoup d'entre eux dorment encore sur les trottoirs et sous les ponts. Ils se trouvent dans une situation absolument terrible''.
En effet, le projet de loi vise à renforcer la lutte contre l'immigration irrégulière et à expulser les étrangers se trouvant sur le territoire français de façon irrégulière et à mieux intégrer ceux qui ont vocation à rester en France, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
La crise du logement de pire en pis
Depuis deux décennies, la France est confrontée à une crise sévère du logement. Depuis qu'Emmanuel Macron est devenu président en 2017, cette question fait polémique en raison du déclin de la construction de bâtiments nouveaux et la diminution des travaux de rénovation, face à une explosion de la demande.
La situation s'est aggravée avec la loi Kasbarian-Berge, entrée en vigueur en juillet, criminalisant le squattage. Cette loi a pour objet de mieux protéger les propriétaires victimes de squatteurs.
De même, la loi introduit systématiquement dans les contrats de bail une clause permettant au propriétaire de mettre fin au bail sans passer par la justice. Une clause dite ''de résiliation de plein droit'' qui renforce le droit des propriétaires.
La loi prévoit également une peine de deux ans de prison et une amende de 30 000 euros (31 700 dollars) pour les personnes ou familles qui occupent des logements inhabités, des bureaux vides ou des bâtiments industriels ou agricoles abandonnés, ainsi que pour les salariés qui occupent leur lieu de travail dans le cadre de mouvements sociaux.
Elle prévoit également une amende de 7 500 euros pour les locataires qui resteraient dans leur logement après une procédure d'expulsion.
Dans son rapport annuel, la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés qui lutte contre le mal-logement et l'expulsion, a signalé que le nombre des sans-abri en France a plus que doublé.
La Fondation estime à 330 000 le nombre de personnes sans domicile en France, soit 30 000 de plus que l'année précédente.
La législation a été condamnée par les partis de gauche et les groupes de défense des droits, qui ont qualifié ces dispositions ''d'inacceptables''.
Lors des manifestations, les protestataires ont réclamé une baisse des prix du logement, soulignant qu'une personne sur deux privée de logement est un migrant étranger ou des demandeurs d'asile.
''Nous sommes confrontés à une situation qui se détériore dans notre pays et les classes populaires sont les plus touchées par la crise du logement'', a déclaré à Anadolu Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association Droit au logement (DAL).
Et de conclure : "Il est de plus en plus difficile de trouver un logement à Paris et dans d'autres villes de France. Ceci touche particulièrement les étudiants, les jeunes, les salariés, les travailleurs précaires, ainsi que les migrants".