Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé son intention d'inviter le président russe Vladimir Poutine et le chef du régime syrien Bachar al Assad à lancer un nouveau processus avec la Syrie.
S'adressant aux journalistes dans l'avion qui le ramenait d'Astana, capitale du Kazakhstan, où il avait assisté au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), M. Erdogan a déclaré que des années de guerre dévastatrice en Syrie avaient prouvé qu'il était nécessaire d'établir un mécanisme pour une solution permanente.
Le président turc a souligné que le récent calme obtenu sur le terrain du conflit en Syrie pourrait ouvrir la porte à la paix grâce à des politiques et des approches sages, exemptes de préjugés et axées sur les solutions.
"L'instabilité de la région, qui offre un espace aux organisations terroristes, en particulier le PKK/PYD/YPG, constitue un problème. L'éradication de ces structures terroristes sans discrimination est cruciale pour la construction de l'avenir de la Syrie", a-t-il encore insisté.
Le président turc qui a mis en exergue l'importance du maintien de l'intégrité territoriale de la Syrie, a rappelé que la Turquie a toujours tendu et continuera à tendre la main de l'amitié à son voisin, la Syrie. "Nous soutiendrons toujours une Syrie prospère, unifiée et entière qui adopte un nouveau contrat social fondé sur la justice, la dignité et l'inclusion", a-t-il martelé.
Mettre fin à la guerre en Ukraine
La Turquie défend l'intégrité territoriale de l'Ukraine et s'oppose à l'annexion illégale par la Russie de la péninsule de Crimée et d'autres régions. Mais Ankara estime également que punir sévèrement la Russie pourrait être contre-productif pour le règlement du l conflit. En tant que membre de l'OTAN, la Turquie, qui a déjà fourni des efforts pour mettre fin à la guerre entre la Russie et l'Ukraine, est stratégiquement bien placée pour jouer le rôle de pacificateur.
En marge du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai, le président Erdogan a d’ailleurs rencontré son homologue russe, M. Poutine. "Lors de ma rencontre avec M. Poutine, nous avons abordé la question de la médiation", a fait savoir le président turc.
Erdogan a indiqué qu'il avait évoqué avec M. Poutine la perspective de lancer un nouveau processus et de créer un corridor passant par la Turquie pour livrer des céréales à l'Afrique et à d'autres régions vulnérables sur le plan de la sécurité alimentaire.
Il a déclaré que le président russe maintenait l'objectif de l'initiative céréalière d'Istanbul dont l’accord a pris fin en février 2024.
Après l'ouverture du Centre de coordination conjoint (CCC) basé à Istanbul, des centaines de navires ont effectué des expéditions via la mer Noire pour transporter plus de 600 000 tonnes de céréales nécessaires pour atténuer les pénuries alimentaires dans le monde.
"Il est bénéfique de le développer davantage, car Poutine a une certaine position à l'égard de l'Europe. Comme l'Europe a ciblé la Russie dans ce processus, la Russie voit l'Europe et l'Occident d'un mauvais œil", a fait remarquer Erdogan.
En ce qui concerne l'Afrique, M. Erdogan a assuré que M. Poutine mobiliserait toutes les "ressources de la Russie parce qu'ils sont appauvris". Ce ne serait pas le même traitement pour l'Europe, M. Poutine ayant déclaré : "Mes ressources ne leur profiteront pas".
"Avec les résultats que nous obtiendrons à cet égard, je pense que nous rendrons le corridor céréalier de la mer Noire à nouveau opérationnel. Cette guerre ne profite ni à la Russie ni à l'Ukraine. Les seuls gagnants de cette guerre sont les marchands de sang et de mort", a ajouté le président turc.
Relations avec l'OTAN
Le président Erdogan a également évoqué les relations de son pays avec l'OTAN, en tant que deuxième armée de l'alliance de sécurité. "Nous exprimons les attentes de la Turquie à l'égard de l'OTAN à chaque occasion. Il est important de renforcer l'unité et la cohésion de l'alliance afin de préserver et d'enrichir l'esprit de solidarité. Les pays de l'OTAN doivent agir d'une manière qui serve leur sécurité et leurs intérêts, en particulier lorsqu'ils sont confrontés à des problèmes mondiaux tels que le terrorisme", a affirmé M. Erdogan.
Il a toutefois reproché à l'OTAN de ne pas soutenir la Turquie dans sa lutte contre le terrorisme.
"Il est décevant de constater que, contrairement à l'esprit d'unité de l'OTAN, nos alliés nous ont laissés seuls dans cette lutte et ont même adopté des attitudes qui encouragent les organisations terroristes", a-t-il déploré.
Mis en garde contre une troisième guerre mondiale
Des dirigeants mondiaux, dont le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, le président serbe Aleksandar Vucic, le premier ministre hongrois Viktor Orban et même le candidat à l'élection présidentielle américaine Donald Trump, ont tiré la sonnette d'alarme sur le risque d'une troisième guerre mondiale.
Répondant à la question d'un journaliste, le président Erdogan a indiqué qu'il prenait acte de ces appels : "Malheureusement, il y a des pays et des groupes en Occident qui provoquent ce problème. Leur approche pourrait conduire à une troisième guerre mondiale. Les marchands d'armes ont besoin d'un marché, et l'Occident est leur marché", a mis en Erdogan.