L'EPR de Flamanville devait être opérationnel en 2012 / Photo: Reuters (Reuters)

L'EPR (European Pressurized Reactor), un réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération de 1 600 MW, devrait être connecté ce soir vers 20h00 pour une période de test qui durera jusqu’à l’été prochain.

L’EPR de Flamanville, le plus puissant du parc français, était présenté comme le joyau de l’industrie nucléaire français mais son image a été sérieusement écornée car le chantier a accumulé retards, surcoûts et dysfonctionnements.

Ce qui devait être un atout commercial pour la France est devenu un objet de blagues.

Face à son coût et aux incertitudes qui l'entourent, la France n’en a vendu que quatre dont deux en Chine, un en Finlande et un en Grande-Bretagne. Les chantiers de Pori en Finlande et de Hinkley Point dans le Somerset ont connu les mêmes soubresauts que leur alter-ego français. Le réacteur finlandais a commencé à fonctionner l’année dernière lui aussi avec 12 ans de retard.

Flamanville, un chantier livré 12 ans en retard

Ce réacteur nucléaire est livré avec 12 ans de retard, il a coûté 19,1 milliards d'euros, soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards.

Les raisons sont multiples. EDF est d’abord mis en demeure d’ajouter des barres d’acier dans la chape de béton qui est la base de la centrale, en raison des nouvelles normes de construction imposées aux centrales après l’accident de Fukushima. Le chantier est alors prolongé de deux ans.

En 2015, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pointe des “anomalies de fabrication” sur la cuve de l’EPR de Flamanville et le manque de fiabilité de la centrale. En 2018, l’ASN pointe encore des défauts, cette fois, des soudures dans la cuve du réacteur qu’il faut reprendre.

Jean-Martin Folz, l’ancien PDG de Peugeot rend un rapport au vitriol en 2019. Il évoque un manque de qualité et une dégradation de l’outil industriel. Il cite ainsi l’exemple des fissures apparues dans le radier (base de la centrale) à cause d’erreurs de calculs dans les épaisseurs du béton.

La Cour des comptes en juillet 2020 ne sera pas moins sévère. Le projet de réacteur situé dans la Manche est “un échec opérationnel” a déclaré Jean-Paul Albertini, président de la section Énergie de la deuxième chambre de la Cour des comptes et présent au débat. Le rapport conclut notamment à une perte de la culture de la qualité chez EDF (l’opérateur qui construit l’EPR), et le fait que la filière a perdu son expertise nucléaire.

Après les déboires du super réacteur EPR, la France a changé sa stratégie nucléaire, elle privilégie désormais les petits réacteurs. Emmanuel Macron a déclaré vouloir commander six EPR2 d’ici à 2050, mais le budget n’a toujours pas été voté.

TRT Français et agences