Au second jour de sa visite à Téhéran, Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique M. Grossi a eu des entretiens au plus haut niveau. Il a rencontré le président iranien, Ebrahim Raïssi, dans l'après-midi.
Au cours de cette première rencontre entre Grossi et Raïssi, le chef de l’AIEA "a exprimé sa satisfaction d'avoir obtenu un agenda commun" avec l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) "sur des mesures de coopération", a relaté l'agence officielle Irna.
Un peu plus tôt, M. Grossi avait salué l'"atmosphère de travail, de franchise et de coopération" dans lesquelles se déroulaient les discussions avec les responsables iraniens.
Il a indiqué qu'il tirerait le bilan de sa visite à son retour à Vienne, siège de l'AIEA, en fin de journée.
Mais, sans attendre, le diplomate argentin s'est déclaré persuadé que, avec les "discussions constructives" qu'il avait déjà eues, "nous allons ouvrir la voie à des accords importants".
Il n'a pas précisé quelles pourraient être ces avancées, mais l'objectif déclaré de cette visite était de "relancer le dialogue" en vue d'une éventuelle reprise des négociations sur l'accord conclu en 2015 à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances pour limiter les activités nucléaires de l'Iran en échange d'une levée des sanctions internationales contre le pays.
Cet accord, connu sous l'acronyme de JCPOA, est moribond depuis le retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.
"Obligations"
Après sa réunion avec M. Grossi, le chef de l'OIEA, Mohammad Eslami, a assuré que les autorités iraniennes allaient "continuer à travailler" avec l'AIEA mais que les autres parties prenantes de l'accord (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) devaient aussi agir.
"Les trois pays européens et d'autres pays ne se concentrent que sur les obligations iraniennes dans le cadre du JCPOA. Ils ont aussi des obligations qu'ils doivent assumer", a-t-il déclaré.
"L'Iran ne sacrifiera jamais ses intérêts nationaux", a réitéré M. Eslami, tandis que le président Raïssi a également insisté auprès de M. Grossi sur la défense des "droits de la nation iranienne".
Le chef de l'agence onusienne présentera les résultats de sa visite lors d'un Conseil des Gouverneurs de l'AIEA prévu la semaine prochaine.
Selon les avancées obtenues, Washington, Londres, Berlin et Paris décideront de soumettre ou non une proposition de résolution blâmant Téhéran pour les récentes évolutions de son programme nucléaire.
Leurs inquiétudes ont été récemment renforcées par un rapport confidentiel de l'AIEA, selon lequel des particules d'uranium enrichies à 83,7%, soit un peu moins des 90% nécessaires pour produire une bombe atomique, ont été récemment détectées dans l'usine souterraine de Fordo, à une centaine de kilomètres au sud de la capitale Téhéran.
L'Iran, qui nie vouloir se doter de l'arme nucléaire, s'est justifié en faisant état "de fluctuations involontaires" au cours du processus d'enrichissement et en assurant "n'avoir pas fait de tentative pour enrichir au-delà de 60%", comme l'a répété samedi M. Eslami.
La France a néanmoins jugé jeudi qu'il s'agissait d'"un développement sans précédent et extrêmement grave".
M. Grossi n'a pas précisé s'il avait obtenu un accès renforcé au site de Fordo et une augmentation du nombre d'inspections de l'AIEA permises par le gouvernement iranien.
Il a en outre indiqué que les discussions se poursuivaient pour résoudre le différend avec Téhéran concernant la découverte l'an dernier de traces d'uranium enrichi sur trois sites non déclarés. L'Iran avait fait l'objet d'un rappel à l'ordre lors de la dernière réunion de l'AIEA, en novembre 2022, pour son manque de coopération sur cette question.
Par ailleurs, les Occidentaux s'inquiètent du fait que l'Iran enrichit toujours plus à des niveaux élevés, loin de la limite fixée par l'accord à 3,67%: il dispose ainsi de 434,7 kg d'uranium à 20% (contre 386,4 kg auparavant) et de 87,5 kg à 60% (contre 62,3 kg).