Portée par des idées de rupture et de panafricanisme, l’opinion publique des États du Sahel et de l’Afrique en général, attendait avec beaucoup d’attention les premiers pas de la diplomatie du nouveau gouvernement sénégalais.
Le premier voyage officiel du président Diomaye Faye en Côte d’Ivoire, chez un président qui défend la ligne dure des sanctions de la Cedeao contre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, avait étonné certains.
Il convient de rappeler que le président sénégalais avait rencontré à deux reprises, en l’espace d’un mois et six jours, en France Emmanuel Macron: la première fois le 20 juin en marge du Forum mondial pour la souveraineté et l'innovation vaccinales, puis dans la foulée de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, le 26 juillet dernier.
En visite à Bamako, lundi 12 août, Ousmane Soko qui avait préalablement discuté avec le Premier Choguel Maïga, avant de s’entretenir avec le président Assimi Goïta, avait sans doute à cœur de dissiper les doutes et les interrogations concernant les positionnements diplomatiques de son pays.
Sur la défensive face aux journalistes maliens, il a mis au défi de trouver “une seule déclaration antérieure qui diffère de celles que je fais aujourd’hui”, comme pour montrer la constance de sa démarche panafricaniste.
“Notre position a été très claire au début (...), il n’y avait pas encore l’AES (Alliance des États du Sahel,ndlr). Il y avait ce qui se passait dans chaque État, s’est défendu le Premier ministre sénégalais.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé en janvier dernier leur retrait de la Cédéao, accusée d’être instrumentalisée par des puissances étrangères. Ces trois pays, regroupés au sein de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont réaffirmé leur volonté “irréversible” de rompre définitivement avec l’organisation communautaire.
Sonko s’est refusé à condamner cette approche, mettant en avant la souveraineté des États. “Nous respectons le Mali dans ses choix, nous respectons le Burkina dans ses choix. Des choix que nous comprenons”.
Il a mis en cause les choix des “chefs d’États de la Cedeao”, insistant sur le fait qu’on s'intéressait davantage aux “symptômes qu’aux causes réelles” des problèmes.
Contre l’embargo
Contrairement aux “durs” de la Cedeao comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Ghana, en plus des “partenaires” comme la France, le chef du gouvernement sénégalais a rejeté l’option de l’embargo, pour contraindre les gouvernements militaires à la normalisation.
“Je continue à le dénoncer, et comme je l’ai dit, sous notre régime, ces pratiques ne pourront jamais prospérer. Personne ne passera par le Sénégal pour déstabiliser le Mali ou tout autre pays frère, ni pour lui imposer de telles sanctions. Cela n’a pas changé et ne changera pas”, a-t-il réaffirmé.
Du reste, le Sénégal n’a pas hésité à interpeller l’ambassadeur d'Ukraine à Dakar, Yurii Pyvarovov, pour lui rappeler, “ses obligations de discrétion, de retenue et de non-ingérence”.
Ce rappel à l’ordre fait suite à la publication sur le réseau social ‘’Facebook’’ d’une vidéo de propagande de l’armée ukrainienne accompagnée d’un commentaire de soutien de l’ambassadeur d’Ukraine à Dakar à "l’attaque terroriste" perpétrée contre les forces armées maliennes (FAMa), les 25 et 27 juillet 2024 à Tinzaouatene.
Des actes et des propos à même de rassurer aussi bien l’opinion publique que les dirigeants des États de l’AES sur le positionnement du Sénégal. Contrairement aux “durs” de la Cedeao comme la Côte d’Ivoire, le Nigeria ou le Ghana, Dakar ne montre aucune hostilité aux trois États du Sahel dirigés par les militaires.
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