Tout est parti d’une fausse information distillée sur le réseau social X, laissant croire qu’un demandeur d’asile de confession musulmane était l’auteur de l’assassinat de trois fillettes à Southport dans le Nord de Liverpool, le 29 juillet dernier.
La rumeur, qui s’est rapidement répandue, précisait que l’auteur a gagné l'Angleterre en traversant la Manche à partir de la France. Des vagues de manifestants violents et surexcités se sont déchaînés dans tout le pays, cherchant à régler leur compte aux immigrés.
De Londres à Belfast en passant par Liverpool, Manchester, Bristol et Bolton entre autres, le Royaume-Uni a été secoué. Des véhicules ont cramé, des centres communautaires ont été attaqués en même temps que des mosquées et hôtels hébergeant des migrants. Bref, la chasse aux migrants, musulmans et non-blancs, s'est intensifiée et a gagné du terrain.
Pour mettre un terme à la propagation de ces “émeutes idiotes”, le juge Menary KC a décidé de révéler l’identité du suspect. Il s’agit d’un jeune britannique de 17 ans né en Angleterre de parents rwandais.
En amont de ces événements, la droite britannique a contribué à créer un environnement hostile aux étrangers.
Responsabilité politique de la droite
Durant des années, la droite au pouvoir en Angleterre a contribué à créer un environnement favorable à la criminalisation des migrants.
Boris Johnson insistait, en son temps, pour mettre fin à l’immigration clandestine lors de la campagne en faveur de la sortie de l’Union européenne.
Dans la même lignée et bien que contrarié par la justice, l’ancien Premier ministre Rushi Sunak s’est obstiné à concrétiser son projet consistant à renvoyer vers le Rwanda des réfugiés indésirables au Royaume-Uni.
Avec son slogan “stop the boat”, Sunak à contribué à alimenter la criminalisation des migrants dans l’opinion publique britannique, insistant sur le coût de leur accueil, dans un contexte d’inflation.
C’est pourquoi il a vivement défendu l'idée de vider les hôtels pour loger les migrants dans un bateau au large de Portland, le fameux Bibby Stockholm.
Toutes ces mesures largement médiatisées, en plus des débats enflammés sur l’immigration et la montée d’une extrême droite décomplexée, ont, d'après des universitaires, favorisé l'islamophobie, la xénophobie et le racisme.
“Depuis les années 1980 et Margaret Thatcher, les immigrés sont stigmatisés par les discours politiques et le Brexit n’a fait qu’enfoncer le clou contre les étrangers, issus de la communauté non-blanche ou pas”, rappelle Monia O’Brien Castro, maître de conférence en civilisations britannique et irlandaise à l'université de Tours, interrogé par 20 minutes.
Les autorités britanniques ont aussi décrié le rôle trouble du milliardaire Elon Musk accusé de souffler sur des braises. Sa plateforme X est l’un des canaux privilégiés des fauteurs de troubles racistes, islamophobes et xénophobes pour faire passer leurs messages.
Banni de twitter, l’influenceur antimusulman Tonny Robisson qui revendique 193 millions d'abonnés a été réhabilité sur X, alors que Musk ne cesse de montrer sa sympathie envers les émeutiers. Prédisant une “guerre civile” au Royaume-Uni, il a été rappelé à l’ordre par le gouvernement qui l’accuse de propos “irresponsables” et”injustifiables”.
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