Selon une enquête de Mediapart, Elnet, un lobby pro-israélien, mène, depuis 2017, une campagne systématique pour renforcer les liens entre la France et Israël, en influençant les parlementaires français, mais l’organisation a accru ses actions, depuis le 7 octobre 2023, organisant de nombreux voyages pour des élus français afin de gagner leur soutien à la politique israélienne génocidaire.
Loin d’être un simple “think tank” comme il tente de se présenter, Elnet est un acteur majeur du lobbying pro-israélien qui promeut la vision israélienne de la guerre génocidaire menée par Israël contre Gaza.
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Le modèle d’Elnet repose principalement sur l’organisation de voyages entièrement financés pour des parlementaires français. Depuis sa création en 2010, l’association a envoyé une centaine de députés et sénateurs en Israël, leur offrant ainsi une immersion dans les institutions et la vision israéliennes.
Ces voyages, qui coûtent en moyenne 4 000 euros pour quatre jours, incluent des rencontres avec de hauts responsables israéliens, comme des ministres, des officiers de l’armée, et des figures politiques de premier plan, notamment Benjamin Netanyahu.
Ils permettent également aux parlementaires de visiter des sites stratégiques tels que la Knesset, le mémorial de Yad Vashem ou des bases militaires à la frontière palestinienne.
L’objectif d’Elnet consiste à renforcer le dialogue stratégique entre la France et Israël, en soulignant l'importance de la solidarité contre le Hamas et le Hezbollah.
Macronistes et Républicains en première ligne
Au sein du Parlement français, plusieurs figures politiques se sont faites les porte-paroles d’Elnet.
Selon les informations révélées par Mediapart, parmi les participants les plus réguliers, on retrouve des élus macronistes comme Caroline Yadan, Constance Le Grip ou encore l'actuel ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, tous chantres de la rhétorique du “droit d'Israël à se défendre”.
Ces parlementaires ont adopté une position claire en faveur d’Israël, même face aux critiques internationales à propos de la guerre à Gaza.
À droite, l’influence d’Elnet est également palpable. Des personnalités comme Loïc Hervé (vice-président du Sénat, UDI), Meyer Habib et Pierre-Henri Dumont (Les Républicains), qui ont régulièrement participé aux voyages, ne cachent pas leur soutien à Israël.
Dumont, ancien président de la commission des affaires internationales, avait d’ailleurs affirmé que c’était “un honneur” de faire partie de la délégation d’Elnet. Pour ces élus, l’ONG apparaît comme un outil essentiel pour la promotion de la cause israélienne en France.
Des voix dissidentes
Cependant, cette influence est également critiquée. Certains parlementaires, notamment à gauche et parmi les modérés, sont réticents à l’idée de participer aux voyages organisés par Elnet.
Ludovic Mendès, député macroniste, a refusé les invitations de l’organisation, soulignant son rejet de l'idée de participer à des voyages financés par un lobby dont la ligne politique lui semble biaisée. Il a également exprimé son désir de pouvoir visiter librement les territoires palestiniens.
Des personnalités socialistes, comme Valérie Rabault et Jérôme Guedj, ont également choisi de ne pas répondre aux sollicitations d’Elnet, craignant des ingérences dans le débat public et la gestion de la diplomatie française.
Malgré son positionnement comme un think tank apolitique, Elnet et son président, Arié Bensemhoun, ne cachent pas leur orientation politique.
Bensemhoun, ancien président de l’Union des étudiants juifs de France, est un critique virulent de la gauche et des musulmans en France, et un défenseur incorrigible du gouvernement de Benjamin Netanyahu.
Il n’hésite pas à critiquer la décision de la CPI sur les mandats d’arrêt contre Netanyahu et Yoav Gallant et accuse le peuple palestinien de complicité avec les actions du Hamas, s’efforçant ainsi de justifier leur massacre.
L'influence exercée par Elnet au sein du Parlement français reflète la montée en puissance des pratiques de lobbying israélien dans les sphères politiques nationales et soulève des questions quant à l’indépendance de certains parlementaires français.