L'ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin / Photo: AFP (AFP)

L'ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, invité de France Inter ce jeudi, a sévèrement critiqué la diplomatie de la France vis–à-vis de la guerre que mène Israël à Gaza, où se déroule selon lui un "désastre humanitaire".

“La France s’efface”

De Villepin a appelé à une révision des politiques françaises face à Israël, déplorant que Paris et l'Union européenne (UE) n'utilisent pas les leviers dont elles disposent, notamment en matière d'armement et de commerce avec les Territoires palestiniens, colonisés par Israël.

Selon lui, les justifications avancées par des chancelleries européennes pour soutenir Israël, telles que "laisser Israël mener sa guerre jusqu'au bout", manquent de clarté. Il a ironisé en demandant: "Mais quel bout ?" Il a aussi noté l'absence d'"objectif politique" de la part d'Israël, et plus largement, d’une stratégie politique claire dans les conflits modernes.

"Aujourd’hui nous n’avons plus de voix sur la scène internationale… On en est abasourdi, et la France s'efface", a déploré l'ancien ministre français des Affaires étrangères.

Silence médiatique

Sur un ton plus amer, De Villepin a dénoncé le silence médiatique en France concernant le conflit à Gaza. Il a expliqué devoir "googler" pour trouver des nouvelles, qualifiant cette absence de couverture d’"étouffement démocratique".

"Ce n’est pas une guerre comme les autres à Gaza. Ce sont des populations civiles qui meurent", s’est-il insurgé.

Interrogé sur un éventuel retour au ministère des Affaires étrangères, De Villepin a rappelé qu’il avait occupé ce poste "à une époque où l’on pouvait être un ministre des Affaires étrangères". Il a souligné qu’il jouissait alors d’une "carte blanche absolue" de la part de Jacques Chirac, mais a estimé que le contexte actuel ne permettait plus de mener une politique étrangère aussi indépendante.

Guerre génocidaire

De Villepin a mis en garde contre les actions militaires d’Israël qui, selon lui, créent "les conditions d’une réoccupation" de la bande de Gaza. "Israël a repris possession de Gaza, coupant l'enclave en plusieurs parties", a-t-il expliqué, soulignant que la Cisjordanie, elle aussi, "se décompose". Cette situation, affirme-t-il, fait de Gaza une "cocotte-minute" prête à exploser.

Le contexte humanitaire à Gaza reste dramatique. Depuis le début des offensives israéliennes en octobre 2023, le ministère de la Santé de Gaza rapporte un bilan de plus de 41 000 morts et de près de 95 000 blessés. Les attaques continues ont dévasté une grande partie de l'enclave palestinienne et de ses infrastructures civiles, notamment les hôpitaux, les écoles et les canalisations.

La bande de Gaza reste sous un blocus israélien qui empêche l'accès aux biens de première nécessité. Israël fait face à des accusations de génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ).

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