Les Etats-Unis ont salué mardi l'unité et la détermination affichée à travers le monde pour soutenir l'Ukraine face à la Russie, à l'occasion d'une conférence organisée en Allemagne et réunissant plus de 40 pays désireux d'accélérer et de coordonner les livraisons d'armes aux autorités de Kyiv.
"Comme nous le voyons ce matin, des nations à travers le monde sont unies dans leur détermination à soutenir l'Ukraine dans son combat face à l'agression impérialiste russe", a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, à l'ouverture de cette conférence qu'il préside, sur la base aérienne de Ramstein en Allemagne.
"L'Ukraine est manifestement convaincue de pouvoir gagner, comme nous le pensons tous ici", a ajouté Lloyd Austin, qui a rencontré le président ukrainien Volodimir Zelensky dimanche à Kyiv.
Une quarantaine de pays étaient représentés à cette conférence, principalement des pays européens et Israël, mais aussi certains pays d'Afrique ou d'Asie, les représentants de la Corée du Sud et du Japon ayant participé par visioconférence.
"Ce rassemblement reflète le monde galvanisé" pour soutenir l'Ukraine, a commenté Lloyd Austin.
D'après le chef d'état-major de l'armée américaine, le général Mark Milley, l'Ukraine a besoin immédiatement de davantage d'aide - notamment des armes lourdes, des drones armés et des munitions - pour se défendre face à l'offensive en cours de la Russie dans l'est du pays, potentiellement décisive.
"Le temps ne joue pas pour l'Ukraine", a déclaré le général Mark Milley lors d'une réunion à huis-clos selon des propos transmis aux journalistes qui l'ont accompagné lors de ce déplacement.
"L'issue de cette bataille, aujourd'hui, maintenant, est dépendante (des décisions) des personnes réunies dans cette pièce".
"Les Ukrainiens vont se battre. Nous devons nous assurer qu'ils ont les moyens de combattre", a-t-il ajouté.
L'Allemagne va livrer des armes lourdes
Lors de cette réunion, l'Allemagne a annoncé la livraison d'armes lourdes à l'Ukraine, une première depuis le début du conflit, alors que les critiques se faisaient de plus en plus vives ces derniers jours sur la réticence du chancelier Olaf Scholz à ce sujet.
"Nous avons décidé hier (lundi-NDLR) que l'Allemagne allait faciliter la livraison de chars de défense antiaérienne Gepard à l'Ukraine", a déclaré la ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht lors de cette conférence, selon le texte de son discours.
Alors que les forces russes ont été repoussées par la résistance des combattants ukrainiens sur le front nord, autour de la capitale Kyiv, la Russie a redéployé ses troupes dans l'est de l'Ukraine pour mener une offensive terrestre dans le Donbass, dont le contrôle est désormais son objectif prioritaire affiché.
Des responsables américains s'exprimant sous couvert de l'anonymat considèrent que la stratégie russe pour ce que les Ukrainiens appellent "la bataille du Donbass" allait s'appuyer sur un recours massif à l'artillerie, avec un pilonnage des positions ukrainiennes combiné à des mouvements de troupes au sol pour tenter de cerner et de décimer une grande partie de l'armée ukrainienne.
L'Ukraine "a une chance"
Mais les Etats-Unis estiment aussi que de nombreuses unités de l'armée ruse sont diminuées, certaines affichant des pertes d'effectifs allant jusqu'à 30% - un niveau que l'armée américaine juge trop élevé pour permettre la poursuite des combats.
Entre autres exemples évoqués par des responsables américains: des tanks sans équipage, avec seulement des pilotes aux commandes, ou des équipements de mauvaise qualité sujets à des pannes fréquentes, voire complètement dépassés.
Selon les évaluations britanniques des pertes russes, relayées lundi par le secrétaire britannique à la Défense Ben Wallace, environ 15.000 soldats russes ont été tués depuis le déclenchement de la guerre le 24 février, tandis que sur le plan matériel, environ 2.000 véhicules blindés - dont 530 tanks - ainsi que 60 hélicoptères et avions de chasse ont été détruits.
A ce jour, la Russie n'a officiellement fait état que de 1.351 soldats morts et 3.825 blessés.
Pour autant, la Russie dispose de capacités de pointe et d'un nombre de soldats plus important que l'Ukraine, tout en ayant, selon des experts et des économistes, les moyens économiques de mener une guerre longue en Ukraine malgré les sanctions occidentales.
Sans compter que la volonté de Moscou de déployer des soldats et des unités supplémentaires sur le front ne semble pas faiblir, ont observé des responsables américains.
De son côté, l'Ukraine s'appuie sur le moral de ses troupes, des tactiques évolutives sur le terrain et des armes et renseignements fournis par Washington et ses alliés.
"Ils ont indéniablement une chance dans ce combat", a jugé un responsable militaire américain ayant requis l'anonymat.