Le crash de la Yemenia Airways a eu lieu il y a quinze ans, les familles organisent une manifestation tous les 29 juin à Marseille / Photo: Afvca (Afvca)

Ce fut un drame qui a frappé de plein fouet la communauté comorienne de Marseille, la plupart des victimes habitaient la cité phocéenne et voyageaient pour l’été vers les Comores ce 29 juin 2009. Une seule personne avait survécu au drame, une enfant de 12 ans qui est venue témoigner au tribunal lors de ce procès en appel.

La Cour a confirmé la responsabilité pénale de la compagnie pour homicides et blessures involontaires. En première instance, le tribunal avait souligné que la compagnie n'aurait pas dû maintenir les vols de nuit en période estivale alors que la météo était susceptible d'imposer une manœuvre d'atterrissage délicate et que certains feux de l'aéroport ne fonctionnaient pas. La juridiction avait aussi relevé l'affectation sur le vol d'un copilote ayant des "fragilités professionnelles". Au cours de l’enquête, l’exploitation des boîtes noires a révélé des erreurs de pilotage.

L’Association des familles de victimes du crash de Yemenia Airways a exprimé dans un communiqué sa satisfaction, même si elle déplore que le code pénal Français ne prévoit qu’une sanction d’amende très insuffisante lorsqu’on la met en perspective des 152 vies perdues. Le tribunal a décidé la peine la plus forte prévue par la loi.

L'association regroupe 820 ayants droits de victimes du crash. Toutes ont été indemnisées à ce jour par les assurances de la compagnie aérienne.

Ibrahim Mogni, secrétaire général de l'Association des familles de victimes du crash de Yemenia Airways confie à TRT Français qu'il a perdu trois membres de sa famille dans cet accident d'avion. "La justice française a acté la responsabilité de la compagnie aérienne et c'est important, c'était notre combat depuis 15 ans, faire reconnaître la responsabilité de la compagnie Yemenia Airways."

Un crash aux responsabilités partagées selon Yemenia airways

Yemenia Airways doit également afficher cette condamnation dans les aéroports de Paris Charles de Gaulle et de Marignane (Marseille) pendant deux mois.

Un pourvoi en cassation est encore possible pour cette compagnie qui a toujours pointé du doigt la responsabilité de l’aéroport de Moroni aux Comores et de l’Asecna, l’agence en charge de la sécurité aérienne aux Comores.

L'association de l'AFVCA veut aujourd'hui continuer son action en préservant la mémoire de ce crash. Elle entretient aux Comores le cimetière où sont enterrées les victimes de l'accident, elle organise aussi une manifestation annuelle à Marseille le jour anniversaire du vol de la Ymenia.

Ibrahim Mogni insiste auprès de TRT Français, son association veut surtout éviter qu'un tel drame ne se reproduise. "Les conditions de 2009 n'ont pas changé à l'aéroport de Moroni aux Comores, on doit poser l'avion à vue et les vols de nuit sont normalment interdits car l'aéroport n'est pas équipé pour."

Le travail de l'association est donc un travail de veille, surtout que pour rejoindre Moroni depuis Paris ou Marseille, c'est toujours un long périple. Deux compagnies proposent cette destination, Egypt Air et Ethiopia Airlines, mais ce sont toujours des vols avec escale et "nous sommes vigilants afin que les avions qui vont la liaison vers Moroni ne soient pas vétustes" explique le secrétaire général de l'AFVCA. Lors du procès la vétusté de l'avion qui assurait la liaison entre Sanaa, la capitale yéménite et Moroni avait été évoquée par de nombreuses familles de victimes.

TRT Français et agences