Charles III accueille le président sud-africain en visite d'Etat, la première depuis qu'il est roi / Photo: Reuters (Reuters)

La dernière visite d'État au Royaume-Uni remonte à juin 2019, quand la reine Elizabeth II a accueilli le président américain Donald Trump et son épouse Melania. Charles n'a pas encore annoncé où il se rendrait pour sa première visite à l'étranger. Mais sa première invitation après avoir succédé à sa mère décédée le 8 septembre a été adressée au président sud-africain. Ce rendez-vous diplomatique intervient dans un contexte délicat en Afrique du Sud pour Cyril Ramaphosa. Pour Christopher Vandome, chargé de recherche à l'institut des affaires internationales Chatham House à Londres, "donner le bon ton sera crucial". Londres, ancienne puissance coloniale en Afrique du Sud, devra éviter de faire la leçon sur le vote de Pretoria à l'ONU sur l'Ukraine, alors que les Sud-Africains ont toujours du mal à digérer le manque de soutien occidental pendant la crise du Covid, estime-t-il. Le changement climatique, le commerce et la vision de Charles III pour le Commonwealth figureront probablement aussi en bonne place dans les discussions, selon M. Vandome. Deux pays membres du Commonwealth sont enclavés en territoire sud-africain, le Lesotho et Eswatini (ex-Swaziland) en proie à des manifestations réprimées dans le sang depuis 2021. La dernière visite de Cyril Ramaphosa à Londres remonte aux funérailles d'Elizabeth II à l'abbaye de Westminster, en septembre. En 2010, année du Mondial de foot en Afrique du Sud, c'est Jacob Zuma qui était venu en visite d'Etat en Grande-Bretagne. Rencontre avec Rishi Sunak

Cyril Ramaphosa doit arriver lundi, à la veille d'un banquet d'État au palais de Buckingham. Charles et la reine consort Camilla accueilleront Cyril Ramaphosa et la première dame Tshepo Motsepe, mais ces derniers rencontreront aussi d'autres membres de la famille royale, dont l'héritier du trône, le prince William et son épouse Kate. Le frère cadet de Charles, le prince Edward, accompagnera Cyril Ramaphosa aux célèbres jardins botanniques de Kew à l'ouest de Londres, et dans un centre de recherche biomédicale. Au programme également, un discours devant les deux chambres du Parlement et une rencontre avec le Premier ministre Rishi Sunak à Downing Street. Protégé de Nelson Mandela - qui était proche d'Elizabeth II -, Ramaphosa était aux côtés de l'icône de la lutte contre l'apartheid lorsqu'il est sorti de prison en 1990. Le dirigeant sud-africain ira voir mardi une stèle en mémoire de Mandela, installée dans l'abbaye de Westminster en 2018 pour le centenaire de sa naissance. Mystérieux cambriolage

Après avoir quitté la politique pour devenir l'un des hommes d'affaires les plus riches d'Afrique, Ramaphosa est revenu sur le devant de la scène en 2014 comme vice-président de Jacob Zuma avant d'accéder à la présidence en 2018. Depuis plusieurs mois, M. Ramaphosa est gêné par une sombre affaire de cambriolage qu'il dénonce comme une manoeuvre politique alors que son parti, le Congrès national africain (ANC), profondément divisé, doit décider en décembre de le présenter ou non comme candidat pour un second mandat à la présidentielle de 2024. Le président sud-africain est accusé, ce qu'il nie, d'avoir acheté le silence de cambrioleurs tombés sur plusieurs millions en argent liquide dans l'une de ses propriétés en février 2020, nourrissant des soupçons de blanchiment et corruption. Il aurait organisé l'enlèvement et l'interrogatoire des voleurs, puis les aurait soudoyés pour qu'ils gardent le silence. Il doit aussi composer avec la colère des Sud-Africains en raison de la situation économique, avec un taux de chômage officiel de 33% et des coupures de courant constantes. Charles a visité l'Afrique du Sud à plusieurs reprises et c'est depuis l'Afrique du Sud que sa mère s'était engagée à mettre sa vie au service du Commonwealth dans un discours prononcé pour ses 21 ans, quand elle n'était encore que princesse. Depuis qu'il est roi, Charles a rencontré plusieurs dirigeants africains, dont le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, et le Ghanéen Nana Akufo-Addo.

AFP