"Nous sommes en train de vérifier le véritable travail de terrain de quatre ressortissants français présentés comme des agents de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure). Ils sont actuellement devant les enquêteurs", a indiqué une source burkinabè.
De son côté, une source diplomatique française a déclaré à l'AFP que "le 1er décembre dernier, quatre fonctionnaires français, détenteurs de passeports diplomatiques et de visas, ont été arrêtés à Ouagadougou par la police burkinabè. Ces quatre techniciens étaient au Burkina Faso pour réaliser une opération de maintenance informatique au profit de l’ambassade de France".
"Le 14 décembre, ils ont été mis en examen et transférés à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou", a-t-elle poursuivi.
La même source ajoute que "le consulat général de France a pu exercer la protection consulaire et leur rendre visite".
"Le gouvernement français prend acte des procédures judiciaires en cours, mais rejette les accusations selon lesquelles ces techniciens auraient été envoyés au Burkina Faso pour d’autres motifs que leur travail de maintenance informatique. Il demande leur retour en France sans délai", conclut cette source diplomatique.
Les répercussions immédiates de cette situation délicate ont conduit douze membres du personnel de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) à se retirer de leurs fonctions à Ouagadougou. Ils ont officiellement quitté le territoire burkinabé le 17 décembre.
"Espionnage"
Le magazine Jeune Afrique a écrit mardi que les quatre hommes sont accusés "d'espionnage".
"Le pays frère du Togo aide à trouver une solution", a par ailleurs indiqué la source burkinabè.
Les relations entre la France et le Burkina se sont considérablement dégradées depuis l'arrivée au pouvoir en septembre 2022 par un coup d'Etat - le deuxième en huit mois - du capitaine Ibrahim Traoré.
Ouagadougou a dénoncé en mars un accord militaire de 1961 avec la France, après avoir obtenu le retrait des forces françaises. L'ambassadeur de France à Ouagadougou, rappelé après le coup d'Etat de septembre 2022, n'a pas été remplacé depuis.
Le Burkina Faso a également suspendu plusieurs médias français dont Le Monde, Radio France internationale, France 24, Jeune Afrique, et LCI.
Dans sa volonté de diversifier ses partenariats, le Burkina Faso s'est notamment rapproché cette année de la Russie. Outre un rapprochement dans le domaine militaire, la Russie a notamment promis de construire une centrale nucléaire au Burkina.
En novembre, Ouagadougou a fait partie des premiers pays africains à recevoir des céréales russes gratuitement, comme promis quelques mois plus tôt par Vladimir Poutine. Le Burkina s'est également rapproché de ses deux voisins, le Mali et le Niger, eux aussi gouvernés par des régimes militaires.
Les trois pays font face depuis plusieurs années à des attaques récurrentes de groupes liés à Al-Qaïda et à Daech. Au Burkina seul, elles ont fait plus de 17.000 morts civils et militaires depuis 2015.