Il a l’art de cultiver les contradictions, Michel Barnier ! Il voulait faire vivre le débat parlementaire le plus longtemps possible. Mais dans une interview donnée au Journal du Dimanche, le Premier ministre veut, en outre, éviter le blocage.
Si d’un côté il assure que son texte “représente une base solide de discussion, un terrain sur chaque groupe parlementaire, chaque député peut apporter sa contribution”, le chef de l’exécutif assure qu’il veut surtout prévenir tout blocage pour éviter de décrédibiliser la France.
Un peu plus loin dans cet entretien, Michel Barnier déclare : “Retarder l’adoption du budget pourrait paralyser l’action publique, compromettre la gestion des finances de l’Etat et mettre en danger la crédibilité financière de la France”.
On sait la France surveillée de près par Bruxelles qui lui reproche son déficit qui dépasse les 3% réglementaires depuis plusieurs années. Les agences de notation internationales sont restées pour l’instant clémentes. Il y a une semaine, l'agence de notation Fitch a maintenu la note de la France à “AA”, mais l’a placée sous perspective négative. L’agence Moody's doit donner sa note le 25 octobre prochain. Ces notes influencent directement le coût de l’argent emprunté par la France. Plus la note est mauvaise, plus les taux d’intérêt sont élevés.
Un budget sans majorité parlementaire
Dès lors, le Premier ministre semble envisager l’utilisation du 49.3, cet outil constitutionnel qui lui permet de passer un texte sans vote.
Mais il est aussi vrai que le passage du texte devant la Commission des Finances n’augure rien de bon. Le texte a peu de chance de trouver une majorité parlementaire.
Plusieurs amendements ont été ajoutés, comme l’abandon de la hausse des taxes sur l’électricité, ou la hausse de la fiscalité sur les superprofits ; pour, au final, rejeter le texte dans son ensemble ce samedi.
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Les commentaires après ce passage raté n'étaient pas très positifs dans le camp du gouvernement. Certains ont évoqué une "boucherie fiscale” et un “budget Frankenstein” sans cohérence d’ensemble.
Michel Barnier a mis en garde contre “un concours Lépine fiscal” ; en d’autres termes, un texte où chacun place sa mesure.
La gauche a déjà annoncé une motion de rejet contre le texte du gouvernement, démarche que le Rassemblement national ne soutiendra pas, a annoncé, ce dimanche après-midi, le président-délégué du groupe Jean-Philippe Tanguy.