Tollé immédiat à l’Assemblée nationale, après que le Premier ministre a déclaré lundi que la France approchait d’un "sentiment de submersion migratoire". Il a même ajouté que “les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu’ils ne dépassent pas une certaine proportion”.
Le Nouveau Front populaire s’est insurgé, le PS a réagi immédiatement en rompant les discussions avec le gouvernement sur le budget. Boris Vallaud, chef du groupe socialiste à l’Assemblée a vivement taclé François Bayrou avec ces mots : “Si vous gouvernez avec les préjugés de l’extrême droite, nous finirons gouvernés par l’extrême droite, et vous en aurez été le complice.”
La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, dans son point presse de ce mercredi, a appelé les socialistes à ne pas prendre en “otage” les discussions en cours sur le budget. Les socialistes demandent au Premier ministre de revenir sur ses propos sur l’immigration.
Matignon, pour l’instant, reste droit dans ses bottes. Le bureau du Premier ministre a déclaré au journal le Parisien : “ C’est une décision prise par les socialistes, dont acte. On la regrette, mais notre porte reste grande ouverte”.
Dans l’entourage de François Bayrou, on parle de réaction disproportionnée, et on insiste sur les sondages qui montrent que l’immigration est un sujet dominant pour les Français.
Alors la censure est-elle inévitable ?
Mais depuis, les réactions sont multiples et ne se limitent pas à la gauche. La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, a déclaré sur Public Sénat : “J’ai besoin que François Bayrou dise notamment qu’il n’y aura pas de suppression de l’aide médicale d’État et que le mot ‘submersion’ était une erreur”. Elle a également qualifié le propos de “faute à l’égard de la République”. La présidente de l’Assemblée nationale, une élue du camp Macron, a exprimé sa gêne face à ces propos.
Le Rassemblement national jubile et salue la clairvoyance du Premier ministre sur l’immigration, mais rappelle qu’il décidera de sa censure ou non en fonction du budget présenté.
Alors, la question taraude le monde politique français : les socialistes vont-ils voter la censure, et si le Rassemblement national les rejoignait ?
Le budget sera présenté vraisemblement lundi prochain
Les déclarations rassurantes de l’entourage de François Bayrou cachent mal l’inquiétude des membres du gouvernement, qui se voient déjà censurés dans un délai proche.
Demain jeudi, la commission mixte paritaire, qui rassemble un nombre égal de députés et de sénateurs, se réunit pour trouver un accord sur le budget 2025, qui n’est toujours pas voté. Cette commission se réunit lorsque le Sénat et l’Assemblée ne sont pas d’accord sur un projet de loi.
Si les socialistes font dérailler les négociations, il ne restera alors au gouvernement qu’un recours au 49.3, qui permet de faire voter un texte sans vote.
La commission compte 14 membres, dont 4 de gauche et 2 du Rassemblement national. Le vote sur le budget est prévu pour l’instant lundi prochain.