Le constructeur aéronautique américain Boeing, au coeur de plusieurs enquêtes après une série d’incidents et de problèmes de production sur ses appareils, a enjoint à ses employés d’appliquer les “ actions immédiates “ destinées à renforcer la qualité et la sécurité de ses opérations.
Le dernier en date remonte à lundi soir. Une cinquantaine de passagers d’un Boeing 787 Dreamliner, reliant Sydney à Auckland, pour le compte de la compagnie chilienne Latam, ont été blessés après que leur appareil a rapidement perdu de l’altitude au-dessus de la mer de Tasmanie.
Les passagers dont la ceinture de sécurité n’était pas bouclée ont été brutalement propulsés au plafond.
Plus tôt, le 7 mars dernier, un Boeing 777 de la compagnie United Airlines a atterri en urgence à Los Angeles (Californie) après avoir perdu le pneu d'une de ses roues au moment de son décollage depuis San Francisco. L’incident n’a pas fait de blessés.
Le lendemain, un Boeing 737 MAX, toujours de la compagnie américaine United Airlines, a perdu son train d’atterrissage qui s’est brisé peu après s'être posé sur le tarmac de l'aéroport de Houston (Texas). En définitive, il a fini sa course en dehors de la piste. Aucun blessé dans l’incident.
On peut aussi mentionner l'atterrissage d’urgence d’un Boeing 737-900 à l'aéroport de Houston, après que son réacteur a pris feu, heureusement sans faire de victime.
Des mesures urgentes
Stan Deal, responsable de la branche d’aviation commerciale de Boeing, a évoqué mardi dans un message aux employés, l’audit réalisé par l’Agence américaine de l’aviation civile (FAA) après un incident survenu en vol le 5 janvier ainsi que le rapport d’une commission d’experts indépendants, désignés par la FAA, publié fin février et portant sur la période mars 2023-février 2024.
“Nous avons utilisé vos commentaires, ainsi que ceux de notre régulateur et de nos clients, pour prendre des actions immédiates pour renforcer notre sécurité et notre qualité “, a indiqué M. Deal.
“ Ces actions figurent au centre du plan complet que nous allons bientôt remettre à la FAA “, a-t-il ajouté, en référence au document que Boeing doit remettre au régulateur dans les 90 jours pour remédier à ce qu’elle a qualifié de “ problèmes systémiques de contrôle qualité “.
“La vaste majorité des non-conformités (repérées) pendant l’audit portaient sur le non-respect de nos processus et procédures approuvés “, a relevé M. Deal.
En conséquence, le constructeur compte s’entretenir avec chaque employé concerné pour une formation supplémentaire, mettre en place des vérifications hebdomadaires de conformité ou encore prévoir un laps de temps à chaque vacation pour vérifier qualité, outils, etc.
Ces actions vont s’ajouter aux mesures prises ces dernières semaines, notamment des inspections additionnelles.
Le quotidien New York Times, se référant à des documents internes, rapporte mardi que 89 points ont été audités par la FAA et que Boeing a échoué sur 33 d’entre eux, avec 97 problèmes de non-conformité identifiés.
Liquide vaisselle
Il cite l’exemple d’une carte magnétique d’hôtel utilisée pour vérifier le joint de fermeture de la porte d’un avion et du liquide vaisselle en guise de lubrifiant pour l’installer.
De son côté, la commission a conclu que le dispositif de Boeing en matière de sécurité présentait des lacunes, relevant notamment des procédures « complexes » semant parfois la « confusion » chez les salariés.
Elle a édicté 53 recommandations pour remédier aux 27 constatations insatisfaisantes.
« Nos équipes travaillent pour simplifier et rationaliser nos processus », a fait savoir M. Deal, tout en appelant les employés à agir dès à présent.
« Suivez précisément chaque étape de nos procédures et processus de fabrication », leur a-t-il enjoint. « Nous pouvons et nous devrions (les) actualiser (...) mais, en attendant, nous devons suivre celles qui existent », a-t-il insisté.
En outre, « soyez toujours à l’affût d’un risque potentiel de sécurité ou d’un raté concernant la qualité », a poursuivi M. Deal, rappelant le dispositif interne de signalement.
Selon lui, des inspections supplémentaires ont été mises en place chez Spirit Aerosystems qui lui fournit notamment des fuselages.
Après des problèmes de production signalés tout au long de 2023, le constructeur est sur la sellette depuis qu’un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines a perdu une porte-bouchon en vol le 5 janvier.
La FAA et l’agence américaine de sécurité des transports (NTSB) ont notamment lancé des investigations et, selon des médias américains, le ministère de la Justice a ouvert une enquête pénale.