2023 fut l’année des pièces de fuselage qui se détachent, des trous d’écrous mal percés sur la carlingue etc… En mars dernier, sur un vol Sydney Auckland, le siège du pilote a basculé vers l’avant de lui-même. Décontenancé, le pilote n’a pu éviter une perte d’altitude soudaine et une cinquantaine de passagers a été blessée. Ce problème est survenu quatre fois sur d’autres avions Boeing, selon la FAA.
L’Administration fédérale de l’aviation civile américaine ordonne donc une inspection qui va concerner 158 appareils aux États-Unis et 737 à travers le monde.
Autre mauvaise nouvelle de la semaine, l’avionneur, qui siège en Virginie, a dû suspendre les tests en vol de son gros porteur 777X après avoir constaté la défaillance d’une pièce reliant le moteur au corps de l’appareil. La livraison commerciale de ce nouveau gros porteur a déjà cinq années de retard.
Boeing, la sécurité en question
Les déboires de Boeing s’accumulent. 2024 ressemble à 2023. En janvier, une porte s’arrache en plein vol sur un Boeing 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines.
Les compagnies aériennes signalent des dizaines de problèmes techniques: pédales de gouvernail bloquées, perte d'un pneu au décollage, pièce métallique du fuselage manquante, indicateurs de vitesse du vent défaillants… En mai, la sortie de piste d'un Boeing 737-300 à Dakar (Sénégal) a fait 11 blessés, dont quatre graves.
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Ces incidents restent des incidents, mais leur accumulation crée un malaise auprès du public et bien sûr l’image de la compagnie est écornée. D’autant qu’en octobre 2018 et mars 2019, deux crashs survenus en Éthiopie et Indonésie font 346 morts, et à chaque fois, un Boeing 737 Max est impliqué.
Tous les avions sont alors immobilisés temporairement par les autorités aériennes internationales pendant 20 mois. Un dysfonctionnement sur le système de stabilisation en vol destiné à éviter un décrochage de l’avion a été mis en cause dans les deux enquêtes.
Pourquoi tant de problèmes chez Boeing ?
Le Boeing 737, le 787 Dreamliner et le 777 font l’objet d’une enquête américaine, après qu’un ingénieur de l’avionneur a alerté l’Administration fédérale de l’aviation civile américaine. Sur quatre modèles commercialisés, ce sont donc trois avions sous la loupe de l’administration américaine.
Et les résultats de l’enquête de l’administration fédérale sur le Boeing 737 publiés en mars dernier sont glaçants. L’avionneur et l’un de ses sous-traitants n’ont pas respecté les règles de contrôle qualité, tout simplement. Des détails ont fuité et ne sont pas rassurants tant ils font plus penser à du bricolage qu’à un contrôle qualité sérieux. Ainsi une carte d'hôtel a été utilisée pour vérifier l'étanchéité d'une porte, du savon liquide a été appliqué sur un joint de porte comme lubrifiant.
Les experts aéronautiques y voient d’abord un problème de production. La pression sur les prix, la course à l’innovation ont fait passer au second plan la rigueur industrielle. Les membres du comité exécutif de Boeing au début des années 2020 étaient tous des commerciaux, pas un membre avec une connaissance technique n’y siégeait.
Pour faire baisser les coûts, Boeing a également licencié des ingénieurs et externalisé une grande partie de la fabrication de ses avions, ce qui rend plus difficile le contrôle qualité.