François Burgat dénonce une censure académique après l’annulation d’un séminaire à l’IEP Aix-en-Provence/ Photo: AFP (AFP)

François Burgat, politologue et ancien directeur de recherches au CNRS, devait présenter, avec le chercheur Thomas Pierret, l’ouvrage Histoire des mobilisations islamistes : XIXe-XXIe siècles dans le cadre d’un séminaire à l’Institut d’Études Politiques (IEP) d’Aix-en-Provence. Cependant, l’administrateur provisoire de l’établissement, Frank Biglione, a annulé la séance, invoquant des "raisons de sécurité".

Pour lui, cette justification cache une censure. “Ce motif farfelu s’agissant d’un séminaire universitaire cache mal, une censure en bonne et due forme, qui porte atteinte à la liberté d’expression et aux libertés académiques”, a dénoncé son avocat Rafiq Chekkat dans un communiqué partagé sur Facebook.

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Posted by François Burgat on Friday, November 22, 2024

La décision a provoqué une vive réaction de Burgat, qui y voit une entrave grave aux libertés académiques. "Deux chercheurs du CNRS sont interdits de participer à un séminaire organisé par deux chercheuses du CNRS. C’est exceptionnellement grave", a-t-il déclaré lors d’une interview avec TRT Français.

Il dénonce notamment une situation reflétant, selon lui, une dégradation des libertés publiques en France, accentuée par des pressions liées à des "officines d’extrême droite ou sionistes" qui critiquent ses travaux.

L’annulation de ce séminaire a une résonance particulière pour l’ancien directeur de recherches au CNRS, qui a enseigné à l’IEP d’Aix-en-Provence et réside dans la ville. "C’est un cas extrême, qui souligne l’état lamentable des libertés publiques dans notre pays aujourd’hui", a-t-il ajouté. Il insiste également sur la nature confidentielle de cette rencontre : "Ce n’était pas une conférence, mais une simple participation à un séminaire en petit comité."

Le politologue dénonce une évolution préoccupante du climat politique en France, qu’il qualifie d’"islamophobie d’État". Il cite deux tournants majeurs : un discours présidentiel de 2019, qu’il considère comme le "lancement de la campagne d’islamophobie d’État", et la répression accrue des critiques à l’égard d’Israël, particulièrement depuis la réponse israélienne aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023.

“La réponse israélienne à la révolte du Hamas le 7 octobre 2023 est une étape majeure et là on a franchi des étapes rapidement puisque le ministre de la Justice a demandé par circulaire que soit criminalisée toute analyse faisant entrer l’action du Hamas dans le cadre de la résistance face à l’occupation israélienne. Le pouvoir d’Etat a dit en quelque sorte aux penseurs, intellectuels, ce qu’ils devaient penser” a-t-il expliqué.

“Nous n’avons pas de signaux permettant d'espérer que cette tendance soit inversée à ce jour” a-t-il conclu.

TRT Francais