Dans un nouveau rapport, Amnesty International accuse Le Caire de "rassembler et expulser illégalement" des réfugiés soudanais "vers le Soudan -une zone de conflit actif- les privant d'une procédure régulière et de la possibilité de demander l'asile, en violation flagrante du droit international".
"Il est inconcevable que les femmes, les hommes et les enfants soudanais qui fuient le conflit armé dans leur pays et qui trouvent refuge de l'autre côté de la frontière en Egypte, soient rassemblés en masse et détenus arbitrairement dans des conditions déplorables et inhumaines avant d'être expulsés illégalement", a fustigé Sara Hashash, directrice adjointe d'Amnesty International pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
Depuis le début de la guerre au Soudan, le 15 avril 2023, opposant deux généraux en lutte pour le pouvoir, les violences ont jeté près de deux millions de Soudanais sur les routes de l'exil, dont un demi-million ont choisi l'Egypte, selon l'ONU.
Ils seraient en réalité bien plus à avoir rejoint le pays de manière "irrégulière", dit Amnesty, depuis la décision soudaine du Caire, quelques mois après le début de la guerre, de réimposer des visas à tous les Soudanais. Auparavant, les femmes, les enfants et les hommes de plus de 50 ans traversaient sans aucune formalité.
L'ONG a recueilli des témoignages de Soudanais faisant état, entre autres, d'arrestations "dans des hôpitaux" et de conditions de détention "cruelles et inhumaines" en raison de la "surpopulation, du manque d'accès aux toilettes et aux installations sanitaires, de nourriture insuffisante et de refus de soins de santé adéquats".
Les autorités égyptiennes n'autorisent pas les agences onusiennes et autres ONG internationales à établir des camps pour accueillir les migrants, Le Caire faisant valoir qu'en échange, les nouveaux arrivants en situation régulière ne sont pas privés du droit de travailler ou de circuler librement.
Amnesty International rappelle, également, dans son communiqué, que l'Union européenne a signé mi-mars un "partenariat stratégique" pour 7,4 milliards d'euros avec l'Egypte, 136e pays sur 142 au classement mondial de l'Etat de droit du World Justice Project et en pleine crise économique.
Le volet migratoire de l'accord avait suscité l'inquiétude des défenseurs des droits humains, l'ONG Human Rights Watch dénonçant un schéma visant à "arrêter les migrants" et "ignorer les abus".
L'ONG affirmait avoir "déjà recensé des arrestations arbitraires et de mauvais traitements infligés par les autorités égyptiennes à des migrants, des demandeurs d'asile et des réfugiés, ainsi que des expulsions" vers des pays en proie aux violences.
Selon l'ONU, 3.000 personnes ont été expulsées vers le Soudan depuis l'Égypte pour le seul mois de septembre 2023.
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