Emilie McDonnell: la Grande-Bretagne accueille beaucoup moins de demandeurs d'asile que les autres pays européens / Photo: Reuters (Reuters)

Les pays européens ferment leurs portes aux demandeurs d'asile et les mettent en danger en étant impliqués dans des pratiques "illégales et illicites", déplore une responsable d’un réseau international de défense des droits humains.

"De nombreux pays européens ferment leurs portes aux personnes qui demandent leur protection et s'engagent dans des pratiques très nuisibles et dangereuses qui ne sont pas conformes aux droits de l'homme ou au droit des réfugiés et qui mettent les personnes en grave danger", a déclaré Emilie McDonnell, coordinatrice du plaidoyer et de la communication au Royaume-Uni à Human Rights Watch.

Mme McDonnell dénonce la représentation négative des réfugiés dans les pays européens. "Il y a certainement une tendance contre les migrants. Et ce n'est pas quelque chose de nouveau. Mais elle est de plus en plus répandue, de plus en plus évidente", a-t-elle affirmé, dans un entretien à Anadolu.

Le gouvernement britannique a présenté mardi une nouvelle législation contre les migrants illégaux, appelant à l'interdiction de ceux qui traversent la Manche en bateau pour demander l'asile en Grande-Bretagne. La législation prévoit également la détention des réfugiés et leur renvoi vers leur pays d'origine, le Rwanda ou tout autre pays jugé sûr par le Royaume-Uni.

La défenseur des droits humains a qualifié la législation de "projet de loi radical" qui prive la plupart des demandeurs d'asile de leurs droits de recours, ceux-ci ne pouvant faire appel qu'après avoir été renvoyés et expulsés vers un autre pays, et ne pouvant pas non plus bénéficier de la protection contre l'esclavage moderne du Royaume-Uni.

Bien qu'il y ait des exceptions dans le projet de loi concernant les enfants non accompagnés, le gouvernement peut toujours choisir de les expulser ou de les placer en détention jusqu'à ce qu'ils soient adultes - en les expulsant et en ne leur donnant pas accès à la procédure d'asile.

Mettant à nu les lacunes de la législation, Mme McDonnell a expliqué que le projet de loi ne prévoyait que très peu de droits d'appel limités et exprimé sa crainte qu'il y ait un risque grave que des personnes soient expulsées et renvoyées vers des pays qui ne sont pas sûrs.

"Toute cette législation s'inscrit dans un contexte plus large au Royaume-Uni, dans lequel le gouvernement britannique diabolise et alimente la haine, la peur et la division à l'encontre des demandeurs d'asile et des migrants. Elle serait désastreuse et aurait des effets dévastateurs sur les migrants, en particulier sur les personnes de couleur”, a-t-elle ajouté.

Faisant remarquer que la Grande-Bretagne accueille beaucoup moins de demandeurs d'asile que les autres pays européens, elle a déploré les conditions "terribles et déplorables" des demandeurs d'asile documentées par Human Rights Watch dans les campements, en particulier dans le nord de la France.

McDonnell a qualifié la nouvelle législation de "violation" de l'obligation internationale du Royaume-Uni à l'égard de la Convention des Nations unies sur les réfugiés de 1951.

"Il s'agit d'une violation flagrante de la convention des Nations unies sur les réfugiés. Il n'est pas illégal de demander l'asile, abstraction faite de la manière dont une personne est arrivée au Royaume-Uni", a-t-elle martelé.

Le "régime mondial des réfugiés" est actuellement gravement menacé par des pays tels que le Royaume-Uni et d'autres pays européens, selon McDonnell qui insiste sur la mise en œuvre de solutions réalistes telles l'ouverture d'itinéraires sûrs, améliorer les structures de réinstallation et fournir des visas humanitaires aux demandeurs d'asile.

AA