Mardi 11 février, devant l’Assemblée nationale, François Bayrou a catégoriquement nié avoir été informé des violences commises à Notre-Dame-de-Bétharram, l’établissement catholique de la région de Pau au cœur d’un scandale pédocriminel.
Pourtant, Mediapart a publié des documents accablants qui contredisent formellement les déclarations du premier ministre.
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Un courrier avec accusé de réception
Parmi les pièces révélées, un courrier envoyé à François Bayrou en mars 2024 par Jean-Marie Delbos, une victime reconnue par l’Église et indemnisée, prouve que le Premier ministre a été directement alerté.
Dans sa lettre, le septuagénaire y décrit avec précision les agressions subies à Bétharram dans les années 1950 et interpelle directement le maire de Pau sur son silence. Malgré la gravité du témoignage, la victime n’a jamais reçu de réponse.
Cette lettre n’est pas un cas isolé. Mediapart rappelle que dès 1996, alors que Bayrou était ministre de l’Éducation nationale, un surveillant général de Bétharram avait été condamné pour violences.
En 2000, alors que l’établissement faisait l’objet d’une instruction judiciaire pour viol, Bayrou avait lui-même rencontré le juge en charge du dossier, bien qu’il ait initialement nié ce rendez-vous avant de le reconnaître.
Malgré ces éléments, François Bayrou continue d’affirmer qu’il n’a jamais été informé de tels faits. Il a même annoncé, sous les applaudissements de certains députés, son intention de porter plainte pour diffamation.
Il a tenté de justifier son ignorance par une question rhétorique : “Est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements dont il aurait été soupçonné ou affirmé qu’il se passe des choses de cet ordre ?”
Or, cette ligne de défense ne résiste pas aux faits. Lorsque son enfant était élève à Bétharram, l’établissement était déjà gravement mis en cause, avec des procédures judiciaires en cours et des condamnations établies.
S’il a maintenu la scolarisation de son enfant dans ces conditions, c’est donc en toute connaissance de cause.
“On assume”
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Jérôme, père de la première victime ayant porté plainte en 1996, dénonce l’attitude du Premier ministre : “Aujourd’hui, François Bayrou doit s’expliquer et arrêter de se réfugier derrière son amnésie. Quand on est aux responsabilités, on assume et on ne profite pas de son pouvoir pour tout étouffer”.
À mesure que les révélations s’accumulent, la position de Bayrou devient de plus en plus intenable. S’il persiste dans le déni, il risque de voir l’affaire prendre une ampleur politique et judiciaire encore plus grande. Reste à savoir combien de temps son gouvernement pourra encore le soutenir.