"Dans une relation aussi complexe et importante que celle qui existe entre les États-Unis et la Chine, il y a beaucoup de choses à discuter", a déclaré M. Blinken, alors que M. Wang et lui-même posaient devant les drapeaux américain et chinois dans un hôtel de Bali, au début d'une matinée de discussions suivie d'un déjeuner de travail. "Nous attendons avec impatience une conversation productive et constructive", a-t-il ajouté.
"La Chine et les États-Unis sont deux grands pays, il est donc nécessaire pour les deux pays de maintenir des échanges normaux", lui a répondu M. Wang. "Nous devons travailler ensemble pour faire en sorte que cette relation continue à progresser sur la bonne voie", a-t-il ajouté, appelant au "respect mutuel".
La rencontre entre les deux responsables, la première depuis octobre, intervient à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20, la veille à Bali.
Alors que l'Occident s'efforce d'isoler la Russie après son offensive en Ukraine et que l'économie mondiale est en proie à des incertitudes croissantes, la Chine et les Etats-Unis ont pris des mesures de précaution pour empêcher que leurs innombrables divergences ne dégénèrent en conflit incontrôlable.
Les États-Unis chercheront "à faire tout ce qui est possible pour empêcher toute erreur de calcul qui pourrait conduire par inadvertance à un conflit", a déclaré aux journalistes, avant la rencontre, le plus haut diplomate américain pour l'Asie de l'Est, Daniel Kritenbrink.
La rencontre entre MM. Wang et Blinken doit également préparer une réunion virtuelle entre les présidents Joe Biden et Xi Jinping dans les prochaines semaines.
Des rencontres entre les principaux responsables de la défense, des finances et de la sécurité nationale des deux pays ont également eu lieu au cours des deux derniers mois.
Pour le journal d'État chinois Global Times, connu pour ses critiques à l'égard des États-Unis, l'interaction croissante entre Pékin et Washington est le signe d'un "consensus des deux parties pour éviter une escalade".
Mais les tensions restent élevées, notamment au sujet de Taïwan. Les États-Unis s'inquiètent de la pression militaire croissante de Pékin sur l'île démocratique qu'elle considère comme une partie intégrante de son territoire et qu'elle s'est juré de reprendre un jour.
Ligne dure
Et Joe Biden a largement conservé la substance de la ligne dure de son prédécesseur Donald Trump à l'égard de la Chine.
Mais dans un récent discours, M. Biden a clairement indiqué que les États-Unis ne cherchaient pas à déclencher une nouvelle "guerre froide", même s'il a maintenu ses critiques, notamment en accusant Pékin de génocide à l'encontre du peuple ouïgour, majoritairement musulman.
On s'attend à ce que l'administration Biden assouplisse prochainement certains des droits de douane imposés par M. Trump sur les produits chinois, ce qui pourrait atténuer l'inflation, devenue un handicap politique majeur aux Etats-Unis.
Les responsables américains ont également fait preuve d'un optimisme prudent à l'égard de la position de la Chine sur l'Ukraine, condamnant son soutien rhétorique à la Russie, mais constatant aussi que Pékin n'appuyait ses paroles par aucun soutien matériel à Moscou.
"Ce qui est frappant, c'est la mesure et la discrétion" avec lesquelles la Chine a abordé la question de l'Ukraine au G20 vendredi, a fait remarquer un responsable occidental.
Mais les responsables américains sont parfaitement conscients que toute mini-lune de miel avec la Chine pourrait être éphémère.
Ils s'attendent à ce que Xi Jinping, le dirigeant le plus puissant de Chine depuis des décennies, remanie son équipe de politique étrangère lors du congrès du Parti communiste qui se tiendra plus tard cette année.
Mais Craig Singleton, qui suit l'évolution de la Chine au sein de la Fondation pour la défense des démocraties, basée à Washington, s'attend à ce que M. Xi nomme à nouveau des technocrates capables de travailler avec Washington.
"La raison en est simple : l'économie chinoise est confrontée à des vents contraires considérables et les décideurs chinois semblent désireux de reconnaître que la rhétorique agressive de la Chine s'est retournée contre elle", a-t-il estimé.