En violant l’accord de désengagement avec la Syrie, les accords de Camp David avec l’Égypte et les accords d’Oslo avec les Palestiniens, Israël érode les uns après les autres les principaux fondements de la paix au Moyen-Orient. / Photo: AA (AA)

En s’emparant d’une zone tampon sur les hauteurs du Golan syrien le 12 décembre dernier, Israël a violé un accord vieux de 50 ans destiné à éviter tout conflit direct entre Damas et Tel-Aviv.

L'accord de désengagement avait été signé le 31 mai 1974, sous les auspices de l’ONU avec le parrainage de Henry Kissinger le secrétaire d’État américain de l’époque dans l’objectif de mettre fin aux hostilités entre Israël et la Syrie et établir des lignes de séparation claires sur les hauteurs du Golan.

L’accord a été conclu après la guerre d’octobre 1973. L'armée syrienne avait lancé une attaque surprise pour récupérer son territoire arraché par Israël au cours de la guerre des Six-Jours en juin 1967. Jusqu'à aujourd'hui, Israël occupe le Golan syrien.

Cet accord a délimité une zone démilitarisée appelée ligne Alpha, surveillée par la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (Fnuod), dans le but de prévenir des confrontations militaires directes.

La violation des accords de Camp David de 1978

Sept mois auparavant, Israël avait déjà violé un autre accord présenté par les États-Unis comme modèle de la pacification des relations entre Israël et le monde arabe.

Le 29 mai 2024, dans la foulée de l’offensive militaire à Gaza, Israël s’est emparé du couloir de Philadelphie, long de 14 kilomètres et de 100 mètres de large. Cette zone qui marque la frontière entre Israël et l'Egypte est censée être démilitarisée en vertu des engagements pris par Ies deux pays.

En occupant cette zone frontalière, Israël viole un traité de paix vieux de 46 ans, présenté en son temps comme étant “le socle de la paix au Moyen-Orient”. Il s’agit des accords de paix de Camp David de 1978, signés entre les dirigeants d’alors, le président égyptien, Anwar El-Sadat et le Premier ministre israélien, Menahem Begin, sous la médiation du président américain Jimmy Carter.

Ces accords concrétisaient la normalisation entre Tel Aviv et Le Caire, après la guerre de six jours à l’issue de laquelle Israël s’empara du Sinaï égyptien en 1967.

Ce premier traité de paix signé entre un pays arabe et Israël a été salué avec “enthousiasme” en Israël et dans le monde occidental, , tel ne fut pas le cas dans le monde arabe où Sadate fut perçu comme un “traître”. L’Egypte a même été, dix ans durant, de 1979 à 1989, exclue de la Ligue arabe.

Violation du traité de paix avec la Jordanie de 1994

Avec la dégradation de la situation au Moyen Orient, Israël donne l’impression de s'être affranchi également des engagements pris avec la Jordanie, le 26 octobre 1994.

Sous le parainage de Bill Clinton, la Jordanie fut autorisée à gérer les lieux saints de l’Islam à Jérusalem. Un accord fut aussi trouvé pour la gestion des eaux du Jourdain et des frontières entre la Jordanie et Israël.

Aujourd'hui, la profanation de la mosquée Al-Aqsa par les extrémistes sionistes est devenue un rituel hebdomadaire. Le ministre de la Sécurité intérieure Ben-Gvir, se dit favorable à la construction d’une synagogue à l'intérieur d’Al-Aqsa.

La ruine des accords d’Oslo de 1993

En outre, pour la première fois depuis la signature des accords d’Oslo en 1993, des avant-postes ont été mis en place en zone B, sous contrôle de l’Autorité palestinienne, d'après l’ONG israélienne Peace Now.

Les autorités israéliennes ont construit sept avant-postes de colonies illégales à l'intérieur de la zone B en Cisjordanie, qui est censée être sous le contrôle administratif de l'Autorité palestinienne, a indiqué dimanche le groupe israélien de défense des droits de l'homme.

L'accord d'Oslo II de 1995 a divisé la Cisjordanie en trois zones : la zone A sous contrôle palestinien total, la zone B sous contrôle civil et administratif palestinien et contrôle sécuritaire israélien, et la zone C sous contrôle civil, administratif et sécuritaire israélien total.

De quoi saper l’accord d’Oslo qui représentait un embryon de paix entre Israël et la Palestine, avec pour ambition la création de deux États.

En violant l’accord de désengagement avec la Syrie, les accords de Camp David avec l’Égypte et les accords d’Oslo avec les Palestiniens, Israël érode les uns après les autres les principaux fondements de la paix au Moyen-Orient.

TRT Français et agences