Par: Sylvia Chebet
Ashley Summers, une mère Américaine de deux enfants, passait des vacances avec sa famille au lac Freeman, dans l'Indiana, pendant le week-end du 4 juillet, lorsqu'elle a ressenti des symptômes de déshydratation et d'étourdissement.. Peu de temps après avoir bu quatre bouteilles contenant près de deux litres d'eau en 20 minutes, elle s'est évanouie. Sa famille l'a emmenée à l'hôpital, mais elle n'a jamais repris connaissance.
La cause du décès, déterminée par les médecins, a été un choc. Il s'est avéré qu'Ashley était décédée d'une maladie peu connue appelée toxicité de l'eau ou intoxication, provoquée par une consommation excessive d'eau.
Contrairement à ce que pensent des gens qui ont grandi en entendant parler des bienfaits d'une hydratation fréquente, "la surhydratation existe bel et bien", explique à TRT Afrika Bruce Gordon, chef du service de l'eau et de l'assainissement à l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
L'excès d'eau dilue les électrolytes dans le sang et provoque le déplacement des fluides à l'intérieur des cellules, ce qui les fait gonfler. Lorsque cela se produit dans les cellules cérébrales, cela peut être dangereux, voire mortel.
"D'un point de vue biochimique, il s'agit d'un processus de diffusion. Les cellules ont donc une concentration d'électrolytes, comme dans la circulation sanguine. Si l'un d'entre eux est vraiment déréglé, l'organisme tente de l'équilibrer, ce qui peut entraîner un excès de liquide dans les cellules", explique Gordon.
Le sodium aide à maintenir l'équilibre des fluides à l'intérieur et à l'extérieur des cellules. Lorsque le taux de sodium diminue en raison d'une consommation excessive d'eau, les liquides se déplacent de l'extérieur vers l'intérieur des cellules. Les médecins appellent cet état "hyponatrémie".
"Cela arrive, mais c'est rare", explique M. Gordon, en précisant que les gens doivent être conscients du danger qu'ils courent.
Similaire à la déshydratation
Selon les experts, les symptômes de l'hydratation excessive sont similaires à ceux de la déshydratation, ce qui rend le diagnostic plus difficile.
On peut avoir mal à la tête, se sentir étourdi ou étourdi, et souffrir d'un épisode de nausée - des symptômes communs aux deux affections. Cela peut ne pas être très clair. La question importante est la suivante : "Ai-je bu beaucoup d'eau ? Quelle est la couleur de mon urine ? Ai-je soif ?"
Une urine claire indique que vous êtes peut-être allé trop loin. Toutefois, les scientifiques affirment que c'est en écoutant votre corps que vous saurez quelle quantité d'eau est excessive.
"Je ne pense pas que ce soit compliqué parce que nous avons ce sentiment de la soif. Il nous permet d'équilibrer nos besoins en matière d'hydratation avec précision et de nous assurer que nous avons la bonne concentration d'électrolytes et le bon volume dans notre circulation sanguine", explique Gordon.
Quelles limites?
Les experts estiment qu'il n'existe pas encore de seuil définitif pour l'apport minimum ou maximum en eau.
"Aucune étude rigoureuse ne dit qu'il ne faut pas dépasser ceci ou qu'il faut consommer un minimum de cela. Si l'on y réfléchit bien, les enfants et les bébés ont besoin de moins d'eau en raison de leur taille. Si vous n'êtes pas actif, vous en consommerez moins, et si les températures sont fraîches, vous en consommerez également moins", explique Gordon.
En se basant sur des approximations, même dans des situations raisonnablement extrêmes, une personne moyenne ne devrait pas boire plus d'un litre et demi d'eau par heure.
La consommation d'eau adéquate varie également d'une personne à l'autre et dépend du temps, l'activité physique et l'âge.
"Il faut également tenir compte du fait qu'environ 80 % de l'eau que vous consommez provient des aliments et des boissons. Dans l'ensemble, un apport de deux à trois litres par jour est probablement suffisant", explique M. Gordon.
L'exercice physique, la pratique d'un sport, l'allaitement et la chaleur, entre autres, entraînent une perte de liquide. "Il est important de rester hydraté pendant les vagues de chaleur, mais il ne faut pas devenir paranoïaque dans le sens inverse", prévient Gordon.
Il met également en garde contre l'engouement pour l'hydratation, qui pourrait s'avérer néfaste s'il n'est pas contrôlé.
"Il est vrai que des études font état d'une amélioration des conditions cardiovasculaires ou des calculs urinaires, par exemple, grâce à l'hydratation. Il y a donc une bonne raison de s'hydrater. Mais on voit des gens qui avalent des litres d'eau, ce qui n'est pas une solution. Comme beaucoup de choses dans la vie, il y a un juste équilibre.”
Attention soif
Bien que les données sur les décès dus à l'intoxication par l'eau soient rares, des incidents ont été signalés lors de manifestations sportives et de concours de boisson.
Mais l'OMS s'est plutôt concentrée sur le problème persistant de la mauvaise qualité de l'eau et de l'assainissement, qui tue près de 1,4 million de personnes par an.
"Pour nous, à l'OMS, les véritables problèmes de santé causés par l'équilibre électrolytique sont liés à la déshydratation causée par les maladies diarrhéiques. C'est là que se trouvent les vraies causes de mortalité", explique M. Gordon.
En ce qui concerne l'intoxication par l'eau, la sensibilisation est le meilleur antidote. Lorsqu'une personne présente des symptômes d'intoxication par l'eau, la réaction standard est d'arrêter de boire de l'eau et de consulter immédiatement un médecin.
"Il faut consulter un médecin, car il y a des choses qu'il peut faire pour s'assurer que les niveaux d'électrolytes dans le sang sont équilibrés. Dans les cas les plus extrêmes, il peut administrer une solution saline avec des sels", conseille Gordon.
