Nikki Porcher était autrefois professeur d'arts plastiques à Atlanta. Mais cette femme noire américaine avait aussi un rêve. En grandissant, elle avait vu de nombreuses entreprises créées par des Noirs - surtout des femmes - tomber dans la malédiction des trois ans de réussite, la période la plus cruciale pour tout nouvel entrepreneur. Le résultat de son rêve a été la création de l'association sans but lucratif "Buy From A Black Woman", qui est aujourd'hui considérée comme l'une des initiatives les plus innovantes et les plus réussies lancées par une femme noire aux États-Unis.
Mme Porcher n'est pas encore un nom mondialement connu comme d'autres personnalités noires influentes telles que Martin Luther King Jr, Rosa Parks, Harriet Tubman, Mary McLeod Bethune et Malcolm X. Il existe de nombreux autres Afro-Américains dont les contributions dans différents domaines n'ont pas reçu la reconnaissance qu'ils méritent.
Dans ce contexte, le mois de l'histoire des Noirs - célébré chaque année en février - donne l'occasion aux Américains du monde entier de reconnaître et d'honorer la contribution des Noirs américains aux États-Unis.
De nombreux Afro-Américains pensent que leur histoire s'efface progressivement. C'est pourquoi chaque jour du mois de l'histoire des Noirs est l'occasion d'informer le public sur diverses personnalités noires qui ont eu un impact significatif sur la société mais qui sont passées inaperçues.
Cette célébration, également connue sous le nom de "mois de l'histoire afro-américaine", est née de la "semaine de l'histoire des Noirs", une initiative lancée par d'éminents Afro-Américains tels que Carter G. Woodson et d'autres.
Depuis 1976, chaque président américain a officiellement proclamé le mois de février comme le mois de l'histoire des Noirs. Plusieurs nations dans le monde, dont le Canada et le Royaume-Uni, consacrent également un mois à la commémoration de l'histoire africaine.
Les porteurs de flambeau
L'histoire du Mois de l'histoire des Noirs commence en 1915, un demi-siècle après la promulgation du treizième amendement de la Constitution américaine, qui a mis fin à l'esclavage au lendemain de la guerre civile de 1861.
En septembre 1915, Carter G. Woodson, historien formé à Harvard, et le célèbre pasteur Jesse E. Moorland ont créé l'Association for the Study of Negro Life and History (ASNLH), une organisation consacrée à la recherche et à la promotion des réalisations des Noirs américains et autres personnalités d'origine africaine.
Une semaine nationale de l'histoire des Noirs a été parrainée en 1926 par l'organisation aujourd'hui connue sous le nom d'Association for the Study of African American Life and History (ASALH), qui a désigné la deuxième semaine de février pour coïncider avec les anniversaires d'Abraham Lincoln et de Frederick Douglass. Cet événement a suscité des célébrations locales, des clubs d'histoire, des pièces de théâtre et des conférences dans les villes et les écoles du pays.
Les maires de toutes les villes du pays ont commencé à proclamer la "semaine du patrimoine noir" sur une base annuelle dans les décennies qui ont suivi. À la fin des années 1960, cette semaine s'est transformée en mois de l'histoire des Noirs sur de nombreux campus universitaires, en partie à cause du mouvement des droits civiques et du Black Awakening des années 1960, qui ont considérablement accru la sensibilisation des Afro-Américains à l'importance de l'histoire des Noirs.
En 1976, le 38e président des États-Unis, Gerald Ford, a officiellement reconnu le Mois de l'histoire des Noirs, appelant le public à "saisir l'occasion d'honorer les réalisations trop souvent négligées des Noirs américains dans tous les domaines d'activité de notre histoire".
Un siècle plus tard, ce qui n'était au départ qu'une semaine de commémoration est devenu une célébration mondiale, qui dure un mois, des réalisations, de l'histoire et de la culture des Noirs.
Aujourd'hui, le Mois de l'histoire des Noirs est l'occasion de reconnaître les contributions et l'héritage des Afro-Américains à travers l'histoire et la société américaines, y compris ceux qui ont été des leaders dans le monde des affaires, de la politique, des sciences, de la culture, etc.
Le thème de 2023
En instaurant la “semaine de l'histoire des Noirs”, Carter G. Woodson a décidé de proposer un thème différent chaque année afin d'attirer l'attention du public sur des développements essentiels qui méritent d'être soulignés.
Le thème de cette année, "La résistance des Noirs", a été choisi afin de mettre en évidence la résistance des Afro-Américains et leur rôle dans des luttes historiques et actuelles.
Ces initiatives ont permis de promouvoir le droit à une existence digne et autonome dans une société juste et démocratique, à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières politiques des États-Unis.
Dans le but d'entretenir et de préserver la vie des Noirs et leur intégrité physique et intellectuelle, les organisations et associations dirigées par des Noirs ont réussi à faire pression, à intenter des procès, à adopter des lois et à protester.
Avec d'autres plateformes, les institutions religieuses noires ont servi de lieux de rencontre aux communautés noires pour planifier des actes de résistance, de sources de motivation pour rejoindre des mouvements et de refuge en cas de besoin.
Des émissions de radio, des podcasts, des journaux et d'autres ressources médiatiques ont été mises à contribution pour sensibiliser aux nombreuses causes et actions (par exemple Chicago Defender, Chicago Bee, the Afro, The California Eagle, Omaha Star, the Crisis, etc.)
Ida B. Wells, une journaliste d'investigation américaine, a utilisé les médias pour combattre les horreurs du lynchage et la violence raciale. Ces canaux ont joué un rôle crucial dans la diffusion des réalisations accomplies et des difficultés rencontrées par les mouvements de résistance.