Les clivages politiques et géopolitiques historiques entre la Turquie et la France n’empêchent pas l’accélération de la dynamique business entre les deux pays, surtout sous l’effet de l’attractivité et du potentiel du marché turc.
Deux chiffres confirment cette tendance de densification et de diversification des relations économiques. En effet, ce sont plus de 450 entreprises françaises qui sont installées en Turquie avec des investissements de 5 milliards d’euros réalisés entre 2014 et 2019. Ce poids économique des échanges et des investissements positionne la Turquie en tant que 4ème principal marché export de la France, hors UE, Royaume-Uni et Suisse.
La dynamique business entre les deux pays est confortée aussi par la croissance soutenue des échanges commerciaux, qui se sont établis à 14 milliards d’euros en 2020, avec une diversité sectorielle qui couvre les domaines de l’automobile, l’aéronautique, l'environnement, les énergies renouvelables, les transports, la santé, l'agriculture, les nouvelles technologies et la production alimentaire.
Concrètement, la Turquie est un eldorado pour l’industrie automobile et aéronautique. PSA qui commercialise les marques Peugeot et Citroën est l’un des plus grands importateurs de l’écosystème turc des sous-traitants automobiles. Le constructeur automobile Renault, pour sa part, à travers son usine basée à Bursa, est la marque de voitures la plus vendue en Turquie en devançant son concurrent direct l’italien Fiat. Pour preuve, ses ventes en 2021 ont dépassé le seuil de 75.000 voitures, faisant de la marque française le leader du marché turc devant son autre concurrent PSA qui commercialise les marques Peugeot et Citroën avec un volume respectif de 39.000 et 29.000 voitures vendues.
Automobile, aéronautique et agroalimentaire : secteurs clés d’export vers la Turquie
Outre le marché automobile, qui représente le premier poste d’exportations vers la Turquie avec un pourcentage de l’ordre de 30%, les importations aéronautiques arrivent en deuxième position avec un taux de plus de 20% grâce à la forte demande des compagnies aériennes turques sur les aéronefs et les engins spatiaux.
Le marché des produits alimentaires et cosmétiques n’est pas en reste. C’est le cas, à titre indicatif, des marques La Vache qui rit, Bel, l’Oréal, Garnier et BIC. Sous l’effet de la forte demande locale, plusieurs marques françaises ont été encouragées à monter carrément des usines de production dédiées spécifiquement au marché turc, c’est le cas des groupes Carrefour, Danone (Sirma et Hayat) et Lactis (Icim).
Par ailleurs, malgré la non-publication des indicateurs sur les chiffres d'affaires et le niveau de production de ces entreprises, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit pour elles de l’un des marchés où elles réalisent les taux de vente et de croissance les plus élevés hors du marché hexagonal.
Indépendamment de cette diversité sectorielle des investissements, les prévisions à court terme tablent sur une consolidation de la tendance lourde d'attractivité du marché turc pour les entreprises françaises sous l'effet de la dépréciation de la lire turque, qui continue de booster la compétitivité des prix des biens turcs à l’export.