La tournure que connaît le monde doit interpeller les consciences. Le mal n’est pas inéluctable si l’intelligence et la sagesse viennent en succédané. Il n’y a ni "Grands", ni "petits" quand l’humanité est en danger de mort.

Le monde est face à un tournant où le pire n’est pas à écarter. Les problèmes qui pendent requièrent un aspect existentiel, mettant en péril l’humanité toute entière. Après la guerre froide où le monde était divisé par des lignes de faille idéologiques, il est passé, après la chute du mur de Berlin, à des questionnements épistémologiques, portant sur le modèle archétypique, après que "l’Histoire eût touché à sa fin".

Nous n’y sommes plus. Le monde est entré dans une nouvelle phase où des défis existentiels pèsent sur l’humanité. Celle-ci est, au mieux, en danger de dépérissement, par une mort lente, suite à un dérèglement de la planète, par un consumérisme outrageux et une exploitation excessive sans gardes fous des ressources naturelles, au pire, par la mort subite, suite à une déflagration nucléaire. Ce n’est pas une lubie ou des élucubrations intellectuelles.

Il y a déjà le dérèglement climatique qui met en péril la sécurité alimentaire. Le danger est réel. Le spectre des pandémies n’est pas clos, non plus, qui est conséquent du dérèglement que l’homme opère sur la nature. Si l’homme (riche, cela s’entend) ne réfrène pas ses élans consuméristes et ses velléités dominatrices, l’humanité va à sa perte. Il faut deux planètes et demie pour accompagner la demande du modèle en vigueur. L’environnement ne suivra pas. Pour paraphraser, le trublion Gavroche, c’est la faute à Descartes, où l’homme trône sans partage sur la nature, parce qu’il en est le maître et le possesseur. L’homme devra regarder la nature autrement, en dehors de la cosmogonie cartésienne.

L’autre grand danger de nature existentielle, est la menace nucléaire. Dans la guerre qui fait rage en Ukraine, le danger n’est pas à écarter.

Avant même que l’Assemblée générale, ne se tienne, (septembre dernier), le chef du kremlin, avait tenu le monde en haleine, proférant que la Russie n’hésitera à user de l’arme nucléaire si elle est menacée dans son intégrité territoriale (y compris dans les territoires annexés). Les doctrinaires du Kremlin se sont empressés de décliner les contours de la doctrine de la Russie en matière nucléaire. En somme, on n’est plus dans un bluff.

Le deuxième temps de cette menace est certainement, quand Poutine, dans un nouveau ton, devant un Think Tank, le club Valdaï (27 octobre courant), s’est étalé sur la nature de la guerre en cours, qui n’est pas que territoriale, sur la menace nucléaire, la sale bombe, rappelant au passage que le monde est dans une tournure, la plus grave depuis la deuxième guerre mondiale.

Le monde est certainement entré dans une nouvelle phase, où, selon une vieille maxime de Roosevelt, l’homme doit mettre fin à la guerre, sinon celle-ci lui mettra fin.

Le hic est que nous sommes dans une tournure sans règles. La guerre froide, pour fâcheuse qu’elle fût, reposait sur "l’équilibre de la terreur", et autres mécanismes de contrôles, avec des dérivatifs, tels la "coexistence pacifique", la "Détente", ou autres procédés de limitation de la course à l’armement. L’agence mondiale de contrôle nucléaire, face à la prolifération de l’arme de destruction massive, puis à la menace qui pèse de plus en plus, semble inopérante.

C’était les "Grands" qui posaient les règles, mais les moins grands, devant la tournure que connaît le monde, ne devraient pas le laisser aller à la dérive, tels des somnambules, pour reprendre une expression en vogue, à la veille de la première guerre mondiale.

La tournure que connaît le monde doit interpeller les consciences. Le mal n’est pas inéluctable si l’intelligence et la sagesse viennent en succédané. Il n’y a ni "Grands", ni "petits" quand l’humanité est en danger de mort. Les "petits" qui ne sont responsables ni du dérèglement climatique, ni de la menace nucléaire, pourraient s’ériger en conscience du monde. Dans les officines existantes, mais aussi en appelant à changer les règles qui "régissent" le monde, devenues obsolètes.

On aime à se consoler, par cette réflexion d’un philosophe du XIXème siècle, quand il disait que l’humanité ne pose de questions que celles dont elle trouverait la solution.

Osons poser les questions. Au niveau des décideurs, bien sûr, puis des représentants des peuples, mais aussi des faiseurs d’opinion . Il y va du devenir de l’humanité. Être ou ne pas être. Car, telle est la question, ou le défi. Cessons d’être des somnambules.

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