Xi Jinping, arrivé mercredi dans la capitale de la monarchie pétrolière du Golfe, s'est réuni jeudi avec le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salman.
Selon un communiqué conjoint publié vendredi, les deux parties ont souligné "l'importance de la stabilité" sur le marché pétrolier, sujet alimentant les tensions entre le premier exportateur de brut au monde, et les Etats-Unis, son partenaire stratégique.
Les leaders chinois et saoudiens ont également évoqué la nécessité de se concentrer sur "les émissions (de gaz à effet de serre) plutôt que leurs sources" dans la lutte contre le changement climatique, une approche défendue par Riyad.
Une quarantaine d'accords bilatéraux ont par ailleurs été signés dans différents domaines, allant de l'hydrogène au logement, mais dont les détails n'ont pas encore été communiqués.
"Evènements majeurs"
Il s'agit de la première visite du dirigeant de la deuxième économie mondiale dans le royaume depuis 2016, et son troisième déplacement à l'étranger depuis le début de la pandémie de coronavirus.
Elle intervient quelques mois après celle du président américain Joe Biden, qui n'était pas parvenu en juillet à convaincre Ryad de pomper davantage de brut pour calmer les marchés.
Deux sommets distincts sont prévus vendredi, le premier avec les six membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), et le second avec d'autres leaders du Moyen-Orient.
Les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et tunisien Kais Saied figurent parmi les chefs d'État arrivés jeudi à Ryad. Les dirigeants du Qatar, du Liban, de l'Irak et d'autres pays ont également confirmé leur participation.
"La Chine est impatiente de travailler avec l'Arabie saoudite et les pays arabes pour faire de ces deux sommets des évènements majeurs dans l'histoire des relations sino-arabes et des relations Chine-CCG", a déclaré Xi Jinping jeudi selon des propos rapportés par la chaîne de télévision publique chinoise CCTV.
Les pays du Golfe, partenaires clé de Washington, ont renforcé ces dernières années leurs liens avec la Chine dans le cadre de leurs efforts visant à réduire la dépendance de leurs économies aux hydrocarbures.
Le géant asiatique, lui, cherche à élargir sa sphère d'influence, notamment à travers son initiative de "nouvelles routes de la soie", vaste projet international d'investissement voulu par le président chinois.
Accords de milliards d'euros
L'ordre du jour des sommets n'a pas été communiqué, mais celui avec les pays du Golfe pourrait être l'occasion pour la Chine de relancer les négociations sur l'accord de libre-échange avec le bloc régional, en gestation depuis près de vingt ans, selon les analystes.
Mais "les pays du CCG (...) semblent plus investis dans l'avancement des liens bilatéraux, et sont engagés à divers degrés dans une concurrence économique régionale avec les Etats membres voisins", estime Robert Mogielnicki du Arab Gulf States Institute à Washington.
Un renforcement des liens économiques avec la Chine pourrait par ailleurs aider l'Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole au monde, à diversifier son économie dans le cadre du programme de réformes porté par son prince héritier.
Selon les médias d'Etat saoudiens, la visite doit se solder par la signature avec Ryad d'accords d'une valeur de plus de 110 milliards de riyals saoudiens (27,8 milliards d'euros).
"Lorsqu'il s'agit des relations bilatérales de la Chine avec le Golfe et le Moyen-Orient en général, il faut se rappeler que la signature de protocoles d'accord et les promesses d'investissement sont beaucoup plus faciles à faire que d'engager effectivement du capital", selon Robert Mogielnicki.
Le déplacement du président chinois dans la région n'a pas manqué de faire réagir les Etats-Unis, partenaire militaire stratégique des pays arabes du Golfe.
Mercredi, Washington a mis en garde contre "l'influence que la Chine veut gagner dans le monde entier", estimant qu'elle n'est pas de nature à préserver "l'ordre international".