Les États-Unis restent le principal fournisseur d'armes d'Israël / Photo : AA (AA)

Les Etats-Unis ont approuvé mardi la vente d'armement à Israël pour plus de 20 milliards de dollars.

L'annonce intervient alors que la guerre meurtrière d'Israël à Gaza entre dans son 11e mois et que le président américain Joe Biden appelle de l’autre côté à un cessez-le-feu.

Le département d'Etat a déclaré dans une notification au Congrès américain que cette vente allait "améliorer la capacité d'Israël à faire face aux menaces ennemies actuelles et futures".

Le contrat inclut 50 avions de chasse F-15, près de 33.000 munitions pour chars et 50.000 obus de mortiers.

Mais le double jeu auquel se prête les Etats-Unis n’est pas nouveau.

Le 9 août dernier, lors d'un rassemblement de campagne, la candidate à la présidence américaine Kamala Harris avait exprimé son soutien à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, en s'adressant aux manifestants pro-palestiniens.

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Pourtant, le même jour, le Département d'État américain a annoncé l'approbation d'un nouveau financement de 3,5 milliards de dollars pour qu'Israël puisse acquérir des armes fabriquées aux États-Unis, en prévision de potentielles représailles de l'Iran et du Hezbollah.

Ce montant s'ajoutait déjà aux 14,5 milliards de dollars d'aide militaire approuvés par la Chambre des représentants des États-Unis en novembre 2023, en plus des 3,8 milliards de dollars que Washington fournit déjà annuellement à Israël en assistance militaire.

Le 10 août, au lendemain de cette annonce, une frappe aérienne israélienne a ciblé une mosquée située à l'intérieur d'une école à Gaza, tuant plus de 100 personnes. Selon une analyse menée par CNN à partir de vidéos et d'expertises, "au moins une bombe de précision fabriquée aux États-Unis", la GBU-39, a été utilisée dans cette attaque.

Cette bombe, produite par Boeing, est présentée comme un "système d'arme de frappe de précision à faible coût", bien qu'elle soit responsable de nombreuses pertes civiles dans l'enclave densément peuplée.

Les États-Unis restent le principal fournisseur d'armes d'Israël, avec des entreprises privées telles que Boeing, AeroVironment et AM General qui tirent profit de ce bain de sang. En décembre dernier, le Département d'État a contourné le Congrès pour approuver une "vente d'urgence" de près de 14 000 obus antichars explosifs à haute puissance à Israël.

Le même mois, le secrétaire d'État américain Antony Blinken s’est également plié à la demande d'Israël pour près de 5 000 obus d'artillerie de 155 mm M107, plus de 52 000 obus d'artillerie de 155 mm, et 30 000 charges propulsives M4, ainsi que pour un soutien technique et logistique.

Entre octobre et juin, les États-Unis auraient transféré "au moins 14 000 bombes MK-84 de 2 000 livres, 6 500 bombes de 500 livres, 3 000 missiles air-sol Hellfire de précision, 1 000 bombes anti-bunker, 2 600 bombes à petit diamètre larguées par voie aérienne, et d'autres munitions."

D'autres armes fabriquées aux États-Unis, utilisées contre les habitants de Gaza au cours des dix derniers mois, incluent des avions F-35 et des bombes anti-bunker BLU-109.

Les bombes anti-bunker pénètrent profondément dans le sol avant d'exploser, libérant des ondes de choc qui causent des destructions massives. Leur impact peut faire s'effondrer des bâtiments aussi imposants que l'Empire State Building de New York.

Selon le bureau d’Amnesty International aux Etats-Unis, ces ventes d'armes violent les lois humanitaires internationales et les droits de l'Homme, et doivent être immédiatement suspendues.

En mai, le Département d'État a reconnu que "dans certains cas, Israël pourrait avoir utilisé des armes fournies par les États-Unis en violation du droit humanitaire international lors de la guerre à Gaza", selon un rapport de la BBC.

Voici quelques-unes des attaques les plus dévastatrices à Gaza liées aux armes fabriquées aux États-Unis :

10 octobre 2023 : Une frappe aérienne israélienne tue 24 personnes dans une maison à Deir al-Balah. Quelques jours plus tard, le 22 octobre, une deuxième frappe tue 19 personnes dans une autre maison de la même ville. Selon un rapport publié par Amnesty, des fragments de kits JDAM fabriqués aux États-Unis ont été retrouvés sur les deux sites. "Les codes trouvés sur les fragments des kits JDAM remontent à Boeing, qui aurait accéléré la livraison de JDAM à Israël ces dernières semaines", rapporte le magazine Time.

31 octobre 2023 : Israël utilise deux bombes de 2 000 livres dans une frappe aérienne sur le camp de réfugiés de Jabaliya, selon une analyse d'images satellites et de vidéos du New York Times. Les bombes tuent plus de 195 personnes et en blessent plus de 777. "Israël a systématiquement utilisé l'une de ses plus grandes et destructrices bombes dans des zones qu'il avait désignées comme sûres pour les civils", révèle l'enquête.

26 mai 2024 : Au moins 45 personnes, dont un enfant de 18 mois, Ahmad Al-Najjar, sont tuées et plus de 200 blessées dans l'une des attaques les plus terribles, désormais connue sous le nom de massacre des tentes de Rafah. Un camp de déplacés internes a été frappé et plusieurs personnes ont été brûlées vives à l’intérieur des tentes qui ont pris feu. Selon plusieurs experts qui ont examiné des images de shrapnels, les morts ont été causées par des munitions GBU-39 fabriquées aux États-Unis.

6 juin 2024 : Au moins 40 personnes sont tuées dans une frappe aérienne sur une école gérée par l'UNRWA pour les personnes déplacées dans le camp de Nuseirat. L'analyse des images vidéo de la scène par CNN et le New York Times a révélé qu'il s'agissait une fois de plus de bombes GBU-39 fabriquées aux États-Unis, comme lors du massacre de Rafah.

Au dixième mois de la guerre, Israël a tué au moins 39 000 Palestiniens — principalement des femmes et des enfants — et en a blessé plus de 92 000 autres, avec plus de 10 000 personnes estimées toujours sous les décombres des bâtiments bombardés.

TRT Français et agences