A J-2 du second tour dimanche, le président français a souligné le besoin "d'une France vraiment européenne qui puisse parler d'une voix claire et nette", dans un entretien à la chaîne BFMTV. Il se rend dans l'après-midi au salon VivaTech à Paris consacré au numérique et ses innovations.
Des ténors de l'opposition ont critiqué dans les médias son déplacement de trois jours en Europe de l'Est en pleine campagne, certains dénonçant une "opération de communication" à visée électoraliste.
"Il a considéré que les élections législatives étaient une formalité", a déploré vendredi le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon.
"Il a eu raison de le faire (...), mais ce qui interroge c'est le timing", a estimé le président du Rassemblement national (RN, extrême droite), Jordan Bardella, qui reproche au chef de l'Etat "d'instrumentaliser la guerre" avant le second tour.
La polémique a pris un tour d'autant plus virulent que le président avait dramatisé l'enjeu juste avant de décoller mardi, mettant en garde contre des "extrêmes" qui viendraient semer le "désordre" en France.
Majorité absolue ou relative
La campagne s'achève vendredi à minuit sur un ton envenimé, le camp du président Macron (Ensemble!) et l'alliance de gauche de Jean-Luc Mélenchon (Nupes) se livrant une bataille acharnée.
L'enjeu du second tour est de savoir si deux mois après sa réélection le 24 avril pour un second mandat de cinq ans, le chef de l'Etat disposera d'une majorité absolue ou simple à l'Assemblée nationale à l'issue du scrutin.
Au-delà, Emmanuel Macron joue ses projets de réformes en profondeur de la France, sur les retraites notamment.
De son côté, M. Mélenchon, en troisième position à la présidentielle, s'appuie sur la forte poussée de la gauche au premier tour le 12 juin, arrivée au coude-à-coude avec le camp de la majorité présidentielle en nombre de voix.
Il a réussi un coup politique en rassemblant socialistes, communistes, écologistes et son propre mouvement, la France insoumise, et caresse l'espoir, si son alliance l'emporte dimanche, de devenir Premier ministre.
Les sondages ne garantissent pas une majorité absolue d'au moins 289 sièges pour le camp Macron, à l'image de la dernière étude de l'institut Elabe publiée vendredi, qui lui attribue entre 255 et 295 sièges.
Un autre sondage Ipsos accorde à la majorité sortante entre 265 et 305 sièges.
Le résultat demeure donc incertain: "Tout dépend de la dynamique de campagne, de l'abstention et du report de voix", explique à l'AFP le président de l'institut Elabe, Bernard Sananès.
"Pagaille" et "bazar"
"Il faut que vous alliez voter. (...) Si vous ne tranchez pas net ce que vous voulez, ça sera la pagaille pendant des mois", a déclaré M. Mélenchon, s'adressant notamment aux jeunes. Il devait clôturer la campagne avec un vaste appel au vote sur les réseaux sociaux dans la soirée.
Car, comme au premier tour où un Français sur deux a boudé les urnes, l'abstention s'annonce à nouveau massive dimanche.
Un proche du président, François Bayrou, qui préside un parti centriste allié, a mis en garde jeudi soir contre un "bazar universel" à l'Assemblée si Emmanuel Macron n'avait pas de majorité absolue et que la Nupes obtenait un grand groupe, comme le prédisent les sondages.
Dans cette drôle de campagne, qui se déroule sous une canicule exceptionnelle en France, un troisième bloc constitué de la formation d'extrême droite de Marine Le Pen espère atteindre la barre des 15 élus pour former un groupe dans l'Assemblée nationale.
Ce serait seulement la deuxième fois dans l'histoire du parti.
La droite classique table sur une soixantaine de députés pour jouer les arbitres dans la future Assemblée nationale.
Et plusieurs ministres dont Clément Beaune (Europe) ou Amélie de Montchalin (Transition écologique) jouent leur avenir politique dans des courses serrées en région parisienne.
A partir de vendredi minuit et jusqu'aux résultats dimanche soir, les candidats n'ont plus le droit de s'exprimer et la publication des sondages est interdite.
Les Français hors métropole, dans les territoires comme les Antilles françaises notamment ou résidant à l'étranger, votent dès samedi.