Antoine Armand, nouveau ministre de l'Economie arrivant pour le premier Conseil des ministres lundi dernier à Matignon / Photo: AFP (AFP)

Une petite phrase. Tout est parti d’une petite phrase du ministre de l’Economie sur France Inter. Antoine Armand proclame qu’il ne recevra pas le Rassemblement national à Bercy pour discuter des finances publiques.

Suit une réaction en forme de menace de la part du RN. Marine Le Pen déclare avec le sourire devant les caméras : “Quand j’entends Antoine Armand dire que sa porte est fermée au RN alors que le budget arrive, je pense que le Premier ministre doit aller expliquer à ses ministres la philosophie de son gouvernement, car il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris.”

L’affaire se termine par un coup de téléphone du Premier ministre. Michel Barnier a appelé Marine Le Pen pour la rassurer ! Et Antoine Armand a dû publier un communiqué où il promet de recevoir tous les partis politiques à Bercy lors des consultations sur le budget. La ligne est claire: il faut travailler avec le RN pour éviter tout problème à l’Assemblée.

Le gouvernement Barnier flirte avec le RN

Cette coopération affichée laisse un sentiment amer à beaucoup d’élus et certains osent poser la question, est-ce que ce gouvernement est à la botte du Rassemblement national ?

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Michel Barnier sait que sa majorité au Parlement est relative (230 députés au maximum), il a donc besoin de jouer les équilibristes.

On apprend dans la foulée que la nomination de Michel Barnier a été validée par le RN à la condition qu’il ne mette pas de côté le parti d’extrême droite, un parti qui pourtant se dit dans l’opposition.

La gauche parle de dépendance au RN

A gauche, logiquement tout le monde dénonce une dépendance malsaine au RN. Ainsi François Hollande, l’ancien président socialiste, interviewé ce matin sur France Info, estime que “l’appel de Michel Barnier à Marine Le Pen est grave. (...) c’est un aveu de dépendance du gouvernement” au parti d’extrême droite, s’est-il indigné.

Au sein même de la Macronie, cette dépendance politique du gouvernement passe aussi mal. Sur X, sept députés représentants de l’aile gauche sont montés au créneau pour défendre leur collègue de Bercy. «Le recadrage public d’Antoine Armand est un très mauvais signal envoyé par le Premier ministre. Un gouvernement soucieux d’appeler d’emblée Marine Le Pen pour la rassurer à la moindre contrariété ne représente pas mes valeurs. Faire barrage au RN pour au final lui être soumis ?”

Mais pour les Républicains, la coopération avec le RN est justifiée et souhaitable. Gérard Larcher, le président Les Républicains du Sénat, a défendu la position du Premier ministre ce matin sur France Inter. Pour lui, il est logique et même légitime que le premier ministre et le gouvernement s’adressent à l’ensemble des parlementaires. “Les élections ont donné 140 députés au RN, que cela vous plaise ou non !” a-t-il conclu.

TRT Français et agences