La coalition de la "Flottille de la liberté" rassemble plusieurs ONG dont la fondation humanitaire turque IHH (la Fondation d’assistance humanitaire). Cette fondation envoie régulièrement de l’aide humanitaire dans les zones de guerre ou les pays dévastés par une catastrophe. On y trouve également “Gaza libre Australie” ou encore Mavi Marmara. Lors d’une conférence de presse ce vendredi à Istanbul, la coalition a confirmé un départ prochain vers Gaza mais la date précise est encore incertaine. Ce sera sans doute la semaine prochaine.
La mission de la flottille affiche un but simple : mettre un terme au blocus imposé par Israël à Gaza depuis 17 ans. Quelque 5 500 tonnes de nourriture et de produits d’hygiène seront embarqués par les ONG organisatrices sur un bateau cargo et la coalition espère pouvoir débarquer à Gaza.
Mais la flottille se veut aussi un message de soutien à la population de la bande de Gaza. Trois autres bateaux vont compléter la flottille avec à leurs bords plusieurs centaines de militants venus du monde entier, aussi bien d’Asie, que d’Europe, d’Amérique. Alexandre est européen (nom d'emprunt), il s’engage, dit-il, “parce que un génocide est en cours, et du coup je me suis dit que je devais m’engager. On prend la mer parce que les gouvernements ne font rien. Nous sommes des gens du monde entier avec une conscience.”
Nima Machouf, épidémiologiste canadienne, va monter sur l’un des bateaux. Lors d’une interview avec la radio québécoise 985 FM, elle explique les raisons de son départ: “notre présence, c’est une garantie pour que le matériel soit bien livré aux ONG qui attendent sur place. On veut débarquer et distribuer l’aide. Il y a trop d’aide bloquée qui attend d’entrer à Gaza. Mais on ne va pas soigner ou travailler, juste être là comme témoin. “
Qui va inspecter ce matériel ? Israël inspecte très scrupuleusement tout chargement et interdit une longue liste de produits. Nima Machouf ne veut pas entendre parler d’une inspection israélienne. “Il faut une inspection d’un pays neutre. Israël ne laisse pas passer les produits anesthésiants pour les opérations, ou même les kits d’accouchement. Alors non, on ne veut pas de leur inspection.”
“Tous ensemble pour sauver Gaza”
Les participants à cette opération s’engagent à ne pas porter d’armes ni de couteaux. Ils doivent suivre deux jours de formation intitulée “militer pacifiquement” pour pouvoir répondre dans le calme à un abordage éventuel. La grande inconnue de ce voyage qui va durer une semaine environ demeure, bien entendu, la réaction des forces israéliennes lorsque la flotte va s’approcher de Gaza.
Israël impose depuis 17 ans un blocus total sur l’enclave palestinienne et une opération militaire est toujours en cours à Gaza. Les bombardements et les combats qui font rage ont déjà tué 34 000 personnes dans la bande de Gaza en sept mois.
Sans oublier bien sûr qu’en 2010, l’armée israélienne avait attaqué la flottille Mavi Marmara en lançant des forces spéciales à l’abordage et 9 personnes avaient été tuées, une trentaine blessées.
“Tout va dépendre aussi des réactions de la communauté internationale, “ souligne Mustapha Ozbek de l’organisation d’IHH. Une centaine de journalistes sont justement embarqués avec les militants. Alexandre (nom d’emprunt) était sur le bateau Mavi Marmara en 2010 lorsque les forces israéliennes sont intervenues: “c'était très tendu, nous étions calmes et il n’y avait pas besoin de cette violence mais j’ai été attaqué. Donc, cette fois-ci, on dit bien aux participants de ne pas provoquer.” Nima Machouf, elle, est optimiste, “il serait mal venu qu’Israël coule nos bateaux, ils sont en mauvaise posture sur la scène internationale.”