Rached Ghannouchi a aujourd'hui 83 ans, il est en prison depuis avril 2023/ Photo: Reuters (Reuters)

Ces condamnations ont été prononcées ce mercredi par le tribunal de première instance de Tunis, pour “atteinte à la sûreté de l’État”, ont indiqué des avocats à l’AFP.

Opposant de Ben Ali, à la tête du parti Ennahdha et ancien président du Parlement, Rached Ghannouchi, déjà emprisonné, a été condamné à une peine de 22 ans de prison. L’ex-Premier ministre Hichem Mechichi écope d’une peine de 35 ans de prison. Les journalistes Chahrazed Akacha, jugée par contumace, et Chadha Hadj Mbarek ont été condamnées à 27 ans et à 5 ans de prison respectivement. Le tribunal a également infligé de lourdes peines aux influenceurs Salem Lekhili (54 ans de prison, Haithem Lekhili (28 ans de prison), et Yahya Lekhili (18 ans de prison).

Des condamnations lourdes critiquées

​​La formation politique de Rached Ghannouchi a dénoncé dans un communiqué ‘’un procès politique injuste. (...) Plus encore, cela constitue une violation manifeste de l'indépendance et de l'impartialité du pouvoir judiciaire, ainsi qu'une politisation évidente de ses procédures et de ses décisions’’.

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De son côté, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a souligné dans un communiqué la gravité de cette décision de justice et son impact sur la liberté de la presse et du travail journalistique au sein des sociétés de production de contenus médiatiques.

Le SNJT a également souligné l'absence de toute forme de distinction entre le contenu journalistique et la liberté de publication dans l'espace numérique, ainsi qu’entre le volet politique et sécuritaire de l'affaire.

Une enquête avait été ouverte en septembre 2021 concernant la société Instalingo, basée à Kalâa Kebira, dans le gouvernorat de Sousse (est). Instalingo, société de production de contenu numérique, est accusée de porter atteinte à la sûreté de l'État, de blanchir de l’argent et de diffamer via les réseaux sociaux.

Une cinquantaine de personnes ont été jugées dans le cadre de cette affaire, ce qui a conduit de nombreux observateurs à affirmer qu’il s’agissait davantage d’une affaire politique, et à remettre en question l’indépendance du système judiciaire tunisien.

Agences