L'activiste a été entendue jeudi par un juge et placée en mandat de dépôt. Un membre de la commission parlementaire IVD (Instance vérité et dignité) l’accuse d’avoir falsifié le rapport final publié en 2018 en y ajoutant une trentaine de pages concernant la banque franco-tunisienne.
Cette affaire est considérée comme un cas emblématique du pillage par des hommes d’affaires proches de Ben Ali d’une banque, moitié publique, moitié privée. L’ancienne présidente de l’IVD est également accusée d’avoir reçu de l’argent pour amender le texte du rapport.
L’IVD a été chargée en 2014 de répertorier les violations commises par des représentants de l’État entre 1955 et 2013, c’est-à-dire durant les présidences de Habib Bourguiba (1957-1987) et de Zine El-Abidine Ben Ali (1987-2011). Cette commission parlementaire a entendu 50 000 victimes présumées et 173 dossiers ont été présentés à la justice.
Bensedrine, une opposante de la première heure
Journaliste (elle a notamment fondé le journal en ligne Kalima en 2000) puis fondatrice et porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie en 1988, elle a été l’une des voix critiques du régime de Ben Ali.
Depuis 2023, la pression s’intensifie sur cette figure tunisienne, sous le coup d’une interdiction de quitter le pays. Les accusations contre Bensedrine se sont multipliées après que le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) a condamné en décembre 2023 l’Etat tunisien à dédommager l’homme d’affaires franco-tunisien Abdelmajid Bouden, le principal actionnaire de la BFT (Banque franco-tunisienne) justement.
Depuis juillet 2021, le président tunisien Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs et les ONG tunisiennes et internationales dénoncent une “dérive autoritaire”. Des dizaines de militants ou opposants ont été arrêtés, souvent accusés d'œuvrer contre la sûreté de l’Etat.
Le président Kaïs Saïed est candidat à sa propre succession pour la prochaine élection présidentielle qui aura lieu le 6 octobre prochain.