Deux candidats feront face à Kaïs Saïed lors de la présidentielle d'octobre. Photo : TRT Afrika (Others)

Les Tunisiens sont appelés à choisir leur nouveau président le 6 octobre. Si la campagne électorale n’a pas encore officiellement commencé, Kaïs Saïed est accusé, à un mois de l’élection, de dérive autoritaire suite à plusieurs arrestations et rejets de candidatures.

3 candidats sur 6 acceptés

La campagne présidentielle, dont le lancement officiel est prévu le 14 septembre, a déjà connu des complications lors du dépôt des candidatures. Malgré divers défis, 17 candidats ont soumis leurs dossiers, mais seuls trois candidats verront leur candidature validée. l'ISIE qui a annoncé le 10 août la liste préliminaire des candidats retenus, n’a validé que les dossiers de: Ayachi Zammel, ancien député et leader d’un petit parti, Zouhair Maghzaoui, ex-député et chef du Mouvement du peuple, et le président sortant, Kaïs Saïed.

Trois autres postulants, considérés comme des concurrents sérieux du président Kais Saied, avaient été réadmis le 10 août par le Tribunal administratif qui avait accepté leur recours, avant de se voir évincés par l’autorité électorale tunisienne.

Les candidats réadmis par le Tribunal sont Abdellatif Mekki, un ancien dirigeant du mouvement Ennadha, Mondher Zenaïdi, un ancien ministre du régime Ben Ali, et Imed Daïmi, un conseiller de l'ex président Moncef Marzouki, également proche d'Ennahdha.

La justice tunisienne a ensuite placé en détention le 6 septembre Ayachi Zammel, iinterpellé lundi 2 septembre et remis en liberté provisoire jeudi soir en attente d'un procès dans une affaire de "falsification de parrainages". Mais à peine relâché, le candidat avait été interpellé puis emmené par la garde nationale à Jendouba, à 150 km au nord-ouest de Tunis.

Critique de l’ISIE et des élections

La décision de l'ISIE a suscité une vive opposition parmi divers acteurs publics en Tunisie. Des associations de juristes et des organisations de défense des droits humains l'ont unanimement jugée illégale, affirmant qu'elle portait gravement atteinte à la crédibilité et à l'intégrité des prochaines élections.

La principale centrale syndicale de Tunisie, l'UGTT, a aussi dénoncé une "violation dangereuse" de la loi après l'exclusion de trois candidats à la présidentielle.

L'ONG Human Rights Watch a accusé de son côté l'ISIE d'"être intervenue pour fausser le scrutin en faveur de Saied". HRW a déploré, en outre, qu'"au moins huit" postulants potentiels ont été "condamnés, emprisonnés ou poursuivis", les empêchant de se porter candidats au scrutin présidentiel.

Vingt-six ONG tunisiennes et internationales et près de 200 personnalités ont exigé dans une pétition le respect du "pluralisme" lors de la présidentielle du 6 octobre, en réclamant l'application de décisions administratives de réadmission de candidats recalés initialement par l'autorité électorale.

Ils déplorent aussi "des restrictions" et "refus d'accréditation" imposés à divers organismes d'observation électorale et mettent en garde contre "des attaques répétées contre la liberté de la presse".

Remaniement ministériel à un mois des élections

Le 26 août, le président tunisien Kais Saied a procédé à un vaste remaniement ministériel pour des impératifs de "sûreté nationale", à un peu plus d'un mois de l'élection présidentielle.

Ce remaniement surprise concernait 19 ministres, dont ceux des Affaires étrangères et de la Défense, et de trois secrétaires d'Etat, après le limogeage début août du Premier ministre.

Le site d’information Business News parle d’une “purge” à un mois des élections.

Depuis que le président Saied, 66 ans, élu en 2019, s'est accaparé tous les pouvoirs lors d'un coup de force le 25 juillet 2021, il est accusé de dérive autoritaire par l'opposition et ses détracteurs.

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