Le revirement de l'Espagne en faveur de la position marocaine sur la délicate question du Sahara occidental est "inacceptable moralement et historiquement", a estimé samedi soir le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Dans une interview à des médias nationaux, M. Tebboune a dénoncé l'annonce le 18 mars par le gouvernement espagnol de son soutien à un plan d'autonomie marocain, en rupture avec la position traditionnelle de neutralité.
"Nous avons de très solides liens avec l'Etat espagnol mais le chef du gouvernement (Pedro Sanchez) a tout cassé", a ajouté le chef de l'Etat algérien.
M. Sanchez a qualifié le plan marocain de "base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend".
Dénonçant un "revirement" de l'Espagne, Alger a rappelé le 19 mars son ambassadeur en Espagne et a réclamé des "clarifications" avant tout éventuel retour de son représentant à Madrid.
Le conflit dans cette vaste zone désertique, bordée d'eaux poissonneuses et au riche sous-sol minier, considérée comme un "territoire non autonome" par l'ONU, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes s ahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.
Rabat, qui contrôle près de 80% du Sahara occidental, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté tandis que le Polisario réclame un référendum d'autodétermination, prévu par l'ONU lors de la signature en 1991 d'un cessez-le-feu, mais jamais concrétisé.
"L'ONU considère que l'Espagne est la puissance administrante tant qu'il n'y a pas de solution au Sahara occidental", a poursuivi M. Tebboune.
L'Algérie réclame "l'application du droit international". "L'Espagne ne doit pas renoncer à sa responsabilité historique et doit ré viser sa position"", a-t-il ajouté.
Le président Tebboune a toutefois souligné que l'Algérie ne "renoncerait jamais à ses engagements d'assurer la fourniture de gaz à l'Espagne quelles que soient les circonstances".
L'Espagne est très dépendante de l'Algérie pour ses approvisionnements en gaz.
Début avril, le groupe pétro-gazier public algérien Sonatrach avait évoqué une hausse des prix du gaz livré à l'Espagne, en raison de la flambée enregistrée sur les marchés sous l'effet de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Le PDG de Sonatrach Toufik Hakkar avait alors indiqué à l'agence officielle APS qu'il n'était "pas exclu de procéder à un "recalcul" des prix avec notre client espagnol".