Un journaliste de l'AFP sur place a constaté le début des opérations dans le comté de Pingtung (sud) peu après 00h40 GMT, avec des tirs de fusées éclairantes et d'artillerie. Les manœuvres se sont terminées vers 01h30 GMT, a indiqué Lou Woei-jye, porte-parole du huitième corps d'armée de Taïwan.
Plusieurs centaines de soldats ont été déployés, ainsi qu'une quarantaine d'obusiers, a indiqué l'armée. Un nouvel exercice est prévu jeudi.
La Chine avait lancé la semaine dernière ses plus importantes manœuvres militaires aériennes et maritimes autour de Taïwan, en réponse à la visite de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, la plus haute responsable américaine à se rendre sur l'île.
Pékin "a utilisé les exercices et sa feuille de route militaire pour préparer l'invasion de Taïwan", a accusé le chef de la diplomatie de Taïwan, Joseph Wu, lors d'une conférence de presse à Taipei après les manœuvres taïwanaises.
"La véritable intention de la Chine est d'altérer le statu quo dans le détroit de Taïwan et dans toute la région", a-t-il ajouté.
"Elle mène des exercices militaires et des tirs de missiles à grande échelle, ainsi que des cyberattaques, une campagne de désinformation et une coercition économique afin d'affaiblir le moral de la population à Taïwan", a-t-il poursuivi.
La Chine estime que Taïwan est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).
Lou Woei-jye avait assuré lundi que les exercices taïwanais étaient déjà programmés et qu'il ne s'agissait pas d'une réponse aux manoeuvres chinoises en cours.
Biden "pas inquiet"
Les exercices taïwanais interviennent après que la Chine a prolongé lundi ses propres manœuvres maritimes et aériennes conjointes autour de l'île.
L'armée chinoise a confirmé que les exercices continuaient mardi, impliquant des unités aériennes et maritimes.
Le commandement du théâtre oriental de l'Armée populaire de libération a déclaré dans un communiqué qu'il effectuait des exercices d'entraînement autour de l'île, "en se concentrant sur les opérations conjointes de blocus et de soutien".
Pour Washington, le risque d'escalade de la part de Pékin est faible. "Je ne suis pas inquiet, mais je suis préoccupé par le fait qu'ils s'agitent autant. Mais je ne crois pas qu'ils fassent davantage que ce qu'ils sont en train de faire"", a déclaré le président Joe Biden aux journalistes.
Joseph Wu a remercié ses alliés occidentaux lors de sa conférence de presse, dont Nancy Pelosi, pour avoir tenu tête à la Chine. "Cela envoie également un message clair au monde que la démocratie ne cèdera pas face à l'intimidation de l'autoritarisme", a-t-il dit.
Aucun avion de guerre ou navire chinois n'a pénétré dans les eaux territoriales de Taïwan - à moins de 12 milles nautiques de la terre - pendant les exercices de Pékin, a souligné Taïwan.
La semaine dernière, l'armée chinoise a tout de même publié une vidéo d'un pilote de l'armée de l'air filmant la côte et les montagnes de l'île depuis son cockpit, montrant à quel point il s'était approché des côtes taïwanaises.
Des missiles balistiques ont aussi été tirés au-dessus de la capitale taïwanaise, Taipei, lors des exercices de la semaine dernière, selon les médias d'État chinois.
Le commandement du théâtre oriental de l'Armée populaire de libération a annoncé que des avions de patrouille maritime, de chasse, des hélicoptères et un destroyer s'étaient entraînés à localiser et à attaquer des cibles dans les eaux au large de Taïwan.
L'ampleur et l'intensité des exercices de la Chine, ainsi que son retrait des négociations internationales autour du climat et de la défense, ont suscité l'indignation des États-Unis et d'autres pays occidentaux.
Mais Pékin a défendu lundi son comportement, le qualifiant de "ferme, énergique et approprié" face à la provocation américaine.
"(Nous) ne faisons que lancer un avertissement aux responsables" de cette crise, a fait valoir le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin, lors d'un point de presse, promettant que la Chine "briserait fermement l'illusion des autorités taïwanaises d'obtenir l'indépendance par l'intermédiaire des États-Unis".